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Ouvrir les espaces touristiques à de nouvelles fonctions

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Ouvrir les espaces touristiques à de nouvelles fonctions

12/10/16

Offrir des environnements de travail qui ne ressemblent pas à des espaces de bureaux et des lieux de rencontres entre touristes et locaux, voilà de belles occasions de diversification pour l’industrie touristique.

L’édition de mai-juin 2016 de la Revue Espaces porte sur l’atténuation des frontières entre les lieux de travail et ceux de vacances et de loisirs. De plus en plus d’établissements touristiques adaptent leurs espaces pour accueillir des voyageurs qui souhaitent travailler pendant un moment (les nomades numériques), mais aussi des résidents qui veulent sortir du bureau ou qui sont travailleurs autonomes.

Les exemples suivants permettent de constater que revoir sa mission peut impliquer beaucoup plus que s’ouvrir à l’univers du travail. Ils s’inscrivent dans une tendance vers l’hybridation des lieux et des fonctions.

L’office de tourisme : centre névralgique du village

Certains offices de tourisme réfléchissent à la possibilité d’ajouter de nouvelles fonctions à leurs lieux d’accueil. On cherche à créer une structure qui deviendrait un lieu de rencontre entre les touristes et les locaux. Selon Marion Oudenot-Piton, chargée de développement de l’office de tourisme Val de Garonne, attribuer de nouvelles fonctions à un bureau de renseignement « … c’est permettre aux habitants et aux touristes de se l’approprier et de s’y épanouir. C’est aussi un moyen de faire rayonner l’office de tourisme au sein de la communauté ».

La réflexion entamée par le Val de Garonne autour d’une nouvelle mission tient compte de l’évolution des comportements des touristes, des pratiques des générations Y et Z, de la place du numérique et de l’économie collaborative.

Outre la prestation de renseignements touristiques, les futures fonctions analysées par l’office de tourisme sont :

  • Un espace de travail partagé (coworking) avec des bureaux, des ordinateurs et une connexion Internet permettant aux touristes ou aux résidents de travailler dans un lieu convivial. L’endroit pourrait également incuber des start-ups.
  • Une conciergerie de village : les conseillers en séjours renseignent déjà les touristes, mais ils pourraient aussi offrir des conseils personnalisés à la population (par exemple : transport vers l’aéroport ou la gare, recherche d’un service de gardiennage, remise de clés, etc.). Il s’agit de créer une conciergerie qui prodigue des conseils sur les services de proximité en fonction des besoins des résidents et des touristes. Madame Oudenot-Piton cite l’exemple de Lulu dans ma rue, une conciergerie de quartier dans le 4e arrondissement de Paris.
  • Un espace de découverte territoriale où l’on présente, à l’aide d’objets, de films ou d’albums photo, les richesses patrimoniales et touristiques de la région.
  • Un café-boutique à l’ambiance chaleureuse qui incitera les résidents à le fréquenter. L’idée est d’en faire le cœur du village, le point de ralliement.
  • L’animation est également un élément central de ce projet.

De son côté, l’office de tourisme Médoc Océan envisage la création de nouvelles fonctions qui pourraient prendre place dans les bureaux des trois offices de la région et maintiendraient l’office vivant et attrayant pour les touristes et les locaux.

Le centre de congrès de petite ville : incubateur de start-ups et espace de travail partagé

Dans un autre article de cette édition, Xavier Druhen explique comment la station balnéaire de Saint-Jean-de-Monts a souhaité diversifier ses fonctions par la création d’un lieu de rencontres qui est à la fois incubateur et espace de coworking. Les filières retenues (les sports, la santé, le bien-être, les services touristiques et résidentiels, ainsi que le développement durable) qui guideront le choix des entreprises incubées visent à soutenir le développement de ce territoire. L’endroit, qui se nomme La Folie, cible les entreprises déjà en place ainsi que les clients potentiels, et propose une offre hyper personnalisée aux télétravailleurs, touristes, résidents et entreprises incubées. 

L’hôtel urbain : espaces de réunions spontanées, marché et salles de sports pour tous

Nombreux sont les hôtels qui ont aboli leur centre d’affaires et revu le lobby pour en faire un espace social et de travail convivial. Les rénovations majeures de l’hôtel Fairmont Le Reine-Elizabeth à Montréal incluent entre autres :

  • un campus d’affaires novateur et moderne, comportant un ensemble d’espaces de réunion public et accessible à tous;
  • un marché urbain qui rassemblera des producteurs et artisans locaux, favorisant un esprit de communauté;
  • l’Agora, une zone multifonctionnelle avec une programmation dynamique, des boutiques éphémères et des événements.

Le restaurant : bureau et espace de réunion élégant  

La location de lieux de travail est plutôt commune dans les grandes villes. Aujourd’hui, c’est au tour des restaurants haut de gamme de New York d’ouvrir leurs portes durant les heures de fermeture. L’entreprise Spacious gère ces espaces, généralement disponibles du petit matin jusqu’à 17 heures. Les travailleurs intéressés souscrivent à un abonnement leur permettant d’utiliser les salles de réception des restaurants et de recevoir des clients gratuitement pendant une heure. Ils ont accès à des boissons et des collations ainsi qu’à un concierge virtuel. Ces lieux s’avèrent parfaits pour des travailleurs autonomes souhaitant rencontrer des clients dans un cadre chic et agréable. Le réseau prévoit s’étendre à Los Angeles, San Francisco et Londres.

Les clientèles évoluent; les entreprises touristiques n’ont d’autre choix que d’en faire de même. Il importe de repenser régulièrement sa façon de faire, mais aussi, parfois, de revoir l’essence de ses fonctions. Lorsque l’innovation répond à de réels besoins et stimule la communauté, le succès n’est pas bien loin.

veilletourisme.ca du 12/10

Etude réalisée par Maïthé Levasseur

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