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Le tourisme collaboratif s’invite dans le B to B

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Le tourisme collaboratif s’invite dans le B to B

13/10/16

Les acteurs de l’économie collaborative se rapprochent des agences de voyages d’agrément et d’affaires, mais aussi des professionnels de l’industrie des réunions. De nombreuses ententes sont scellées, garantissant de nouvelles offres à valeur ajoutée pour les entreprises touristiques traditionnelles.

À l’heure où l’utilisation des biens et des services des particuliers s’est généralisée parmi les voyageurs, les entreprises touristiques prennent conscience qu’un rapprochement avec le secteur de l’économie collaborative présente un intérêt lucratif. Plusieurs cas de bonnes pratiques illustrent ce phénomène.

L’économie de partage a sa place dans le B to B

Lors de l’événement des Enjeux E-tourisme organisé en France par l’Echo Touristique et la Fevad en collaboration avec Phocuswright, en juillet dernier, l’une des tendances clés identifiées fut l’ouverture de l’économie collaborative au B to B. Laurent Queige, qui dirige le Welcome City Lab à Paris, est aussi de cet avis.

Selon lui, les entreprises devraient entamer des réflexions sur la manière de s’intégrer dans ce secteur qui est à présent mature et en phase de professionnalisation. Les nouvelles start-ups qui proposent des services collaboratifs aux consommateurs sont moins nombreuses; alors que les possibilités d’innover dans des services B to B sont peu exploitées.

Un premier pas franchi par les nouveaux entrants

Luxury Retreats, une agence montréalaise de location de villas privées de luxe, souhaite se rapprocher des agents de voyages. Cependant, comme l’explique Amr Younes, vice-président, optimisation des revenus, il est difficile de les convaincre d’intégrer ces nouveaux joueurs à leurs offres, car ils ont une mauvaise réputation parmi les acteurs traditionnels. Pour y remédier, un département de développement d’affaires B to B devrait voir le jour chez Luxury Retreats et il organisera des webinaires, des formations et recueillera les commentaires des agents de voyages. L’entreprise souhaite également établir des liens avec les associations sectorielles afin d’identifier les agences dont le profil de la clientèle correspond le plus à la sienne.

VizEat, une plateforme collaborative française qui propose des repas chez l’habitant, vise le même objectif. À la suite d’une campagne de financement de 3,8 millions d’euros en septembre dernier, l’entreprise s’apprête à ouvrir un site Web pour les agences de voyages. Elle compte déjà sur un partenariat avec Comptoir des Voyages qui organise des voyages à la carte et sur mesure. Cette agence est d’ailleurs familière avec le tourisme collaboratif puisqu’elle a signé au printemps 2016 un contrat exclusif de cinq ans avec BedyCasa, un site de réservation de chambres chez l’habitant, qui compte 260 000 membres. Cette offre de logements est intégrée à des forfaits, qui incluent aussi des rencontres avec des résidents francophones (greeters). Investir le marché du B to B est une volonté de BedyCasa qui a développé le site MyBedyBusiness pour les agences de voyages, les entreprises ainsi que les écoles de langue. 


Outre l’hébergement et la restauration, le transport collaboratif séduit certaines agences. L’offre de la start-up TravelerCar, qui permet la location de voitures entre particuliers à partir des aéroports, gares et centres-ville, est distribuée par Transat France depuis 2015 et par des agences de voyages en ligne telles que Opodo, Edreams et Go voyages.

En ajoutant le tourisme collaboratif à ses offres, le réseau de distribution répond à une demande déjà répandue chez les voyageurs. La présence de plateformes collaboratives au sein des GDS, les systèmes de distribution mondiaux, devrait se généraliser, affirme Georges Rudas, PDG d’Amadeus France. Outre ces partenariats, on assiste à une vague de rachats par des acteurs présents en ligne, tels que HouseTrip et FlipKey par TripAdvisor et HomeAway par Expedia, preuve que le marché se consolide.

Marchés du tourisme d’affaires et MICE

Selon un sondage réalisé au printemps 2016 par Global Business Travel Association et American Express auprès de 3500 voyageurs d’affaires, certaines politiques de voyages des entreprises incluent l’utilisation des plateformes collaboratives pour le transport (44 % des répondants) tel que Uber et Lyft et pour l’hébergement (28 %), tel que Airbnb et HomeAway.

En effet, pour faciliter la réservation de leurs services par les voyageurs d’affaires, Airbnb et Uber ont signé en 2014 un partenariat avec Concur, un fournisseur de solutions technologiques pour les voyages et les frais de déplacement des entreprises. Les réservations de logements d’Airbnb sont intégrées à l’outil TripLink de Concur, qui centralise tous les détails des déplacements effectués par les employés. Quant aux clients d’Uber, ils peuvent payer leurs déplacements à même la plateforme de Concur. Depuis cet été, Carlson Wagonlit Travel, American Express Global Business Travel et BCD Group, trois leaders sur le marché du voyage d’affaires, proposent les logements d’Airbnb à certains de leurs clients.

La start-up Spacebase loue des salles de réunions inusitées, dans des lieux privés à travers l’Europe. Mis à part les salles appartenant à des particuliers, les restaurants, les bars, les cafés, les espaces de coworking, des lieux dédiés aux événements professionnels et privés, peuvent être loués quand ils ne sont pas utilisés.

Enfin, VizEat déploie une stratégie offensive pour se tailler une place dans le marché MICE. Par exemple en 2015, lors de l’événement Airbnb Open à Paris, la start-up a permis à 1000 délégués de souper chez un des membres de sa plateforme. Un microsite avait été créé pour l’occasion afin que les participants puissent choisir leur hôte, selon leur profil et le type de cuisine. Un tel événement, où tant d’éléments incontrôlables sont présents, a nécessité une excellente coordination de la part de VizEat.

Défis et occasions d’affaires

L’intégration d’acteurs C to C à une offre B to B pose plusieurs contraintes, qu’il s’agisse de la sécurité, de la logistique ou de la constance de la qualité de l’offre. De plus, un partenariat avec les acteurs de l’économie du partage vient avec des défis à gérer en terme de législation et de réputation. Néanmoins, ce rapprochement va permettre aux entreprises touristiques de rajeunir leur image et de séduire une clientèle qui priorise le contact humain et l’expérience en voyage.

Source : veilletourisme.ca du 13/10/16

Etude réalisée par Aude Lenoir

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