Mesurer le tourisme à l’échelle régionale
Des organismes nationaux ont mis en place des systèmes de mesure de la performance touristique à l’échelle locale, outillant ainsi les régions et les municipalités pour mieux connaître la demande et l’impact socioéconomique de l’activité touristique.
Dans un rapport publié en 2016, l’OCDE a recensé de nombreuses bonnes pratiques de mesure du tourisme au niveau régional. Le Réseau de veille en a sélectionné deux qui, au-delà de leur fiabilité et leur transférabilité à d’autres pays, se distinguent par leur méthodologie, leur utilité, le territoire étudié, les indicateurs retenus et leur accessibilité. Au Québec, le baromètre touristique régional est un outil qui suscite l’intérêt des associations touristiques régionales. Ces projets orchestrés sur le plan national garantissent une comparabilité des résultats d’un point de vue géographique et historique.
Importance de la mesure du tourisme
L’utilisation d’indicateurs pertinents est primordiale pour tous les décideurs de l’industrie touristique. Ils sont utiles pour justifier de nouveaux investissements publics ou privés, planifier le développement de la destination ou encore orienter les campagnes de marketing. Dans le cadre de son Symposium sur les mesures de performance et les contributions du tourisme en 2012, la Chaire de tourisme Transat a rédigé un document de réflexion qui présente les différents moyens de mesure du tourisme et leur utilité. L’étude de l’OCDE constitue un complément d’information. Elle démontre l’intérêt d’appréhender le rôle du tourisme en tant que catalyseur du développement régional.
Autriche : visualiser la demande touristique grâce à des cartes interactives
Le tourisme fait partie des thèmes présentés dans les cartes interactives i.MAP de Statistics Austria, l’office national de statistique d’Autriche. Les données proviennent principalement des 67 000 hébergements commerciaux et privés, situés dans des municipalités qui génèrent plus d’un millier de nuitées par année et regroupées dans 101 régions touristiques.
Méthodologie
Statistics Austria travaille en collaboration avec les municipalités pour recueillir les données, fournies mensuellement ou annuellement selon le type de statistiques, qui permettent de mesurer la demande touristique. Les indicateurs utilisés sont les suivants :
- le nombre d’arrivées selon le pays d’origine (environ 70 marchés, incluant les pays étrangers, les provinces autrichiennes et sept régions allemandes) ;
- le nombre de séjours avec nuitées et la durée moyenne du séjour selon le pays d’origine ;
- la part de marché selon le pays d’origine ;
- le taux moyen de progression des séjours avec nuitées selon le pays d’origine sur les cinq dernières périodes (une période pouvant être un mois, un trimestre, une saison, une année, voire une décennie) ;
- la part des hôtels 4 et 5 étoiles dans l’ensemble des séjours avec nuitées au sein d’une destination ;
- l’intensité touristique selon la période (part des touristes parmi la population totale) ;
- le taux net d’occupation des lits.
Avantages de cet outil
Les cartes interactives permettent d’obtenir les données qui répondent aux besoins de chacun puisqu’il est possible de les ventiler à l’échelle régionale, municipale ou du district, selon le type d’hébergement, le pays d’origine ou la période (mensuelle, estivale ou hivernale et annuelle). Les régions touristiques peuvent comparer leur performance, visualiser l’évolution de la demande ou encore identifier l’importance de chaque marché. Par exemple, la carte ci-dessous indique la part des visiteurs allemands parmi l’ensemble des arrivées. On s’aperçoit que les régions de l’Ouest et du Sud-Ouest sont fortement dépendantes de ces touristes puisqu’à certains endroits, plus de 80 % des touristes sont Allemands.
Source : Statistics Austria
De par son échelle géographique précise, cet outil de visualisation est utile tant pour la planification touristique d’une région que pour la mise en marché et la promotion de son territoire.
Finlande : mesurer l’impact socioéconomique des aires protégées
Parks & Wildlife Finland, une unité gouvernementale finlandaise qui gère l’ensemble des parcs nationaux et autres aires protégées détenus par l’État, en collaboration avec l’agence publique Finnish Forest Research Institute, mesure l’impact de la dépense des visiteurs des aires protégées sur l’économie locale. Au Québec, certains parcs, comme les parcs régionaux des Laurentides, utilisent une méthode similaire pour évaluer leur impact sur la communauté locale.
Méthodologie
La réussite de ce projet tient du fait que Parks & Wildlife Finland a utilisé un système standardisé de suivi de la fréquentation déjà existant, l’ASTA (système de bases de données recensant des informations sur les visiteurs), pour y intégrer un nouveau calcul. Trois variables sont utilisées : le nombre de visites, les dépenses des visiteurs et un ensemble de multiplicateurs qui rendent compte de la manière dont ces dépenses circulent et se multiplient dans l’économie locale.
Résultats
En 2016, l’organisme estime que les retombées économiques locales des dépenses des visiteurs de parcs nationaux (39 aires au total) s’élevaient à 178,9 millions d’euros et ont généré 1774 emplois à temps plein. Lorsque Parks & Wildlife Finland investit un euro d’argent public dans les services de randonnées, plus de 10 euros en moyenne reviennent à l’économie locale et 14 euros pour les parcs à proximité des stations de ski. Les données disponibles pour chacun des parcs ont permis de démontrer que les répercussions économiques sont plus importantes pour les parcs situés près des centres touristiques.
Avantages de cet outil
Les politiciens, les décideurs locaux et les bailleurs de fonds ont pu constater des retombées positives des investissements publics dans les aires protégées. Le secteur privé a été sensibilisé au potentiel commercial offert par ces lieux. Autre avantage, celui de pouvoir identifier les aires protégées les plus performantes pour appliquer les facteurs de réussite sur celles qui le sont moins.
Parks & Wildlife Finland ne s’est pas arrêté là puisque l’organisme a récemment mis en place une méthode de mesure des bienfaits perçus de la fréquentation des aires protégées en termes de santé et de bien-être.
Au Québec : le baromètre touristique régional
Le modèle intersectoriel de l’Institut de la statistique du Québec est un outil souvent utilisé par les acteurs touristiques pour élaborer des études d’impact économique à l’échelle du Québec, mais aussi d’une région ou d’une municipalité. Depuis 2014, il existe un nouvel outil spécifique à l’industrie, le baromètre touristique régional. Il a été créé à l’initiative du Réseau de connaissances stratégiques du ministère du Tourisme du Québec et a été mis en place par la Chaire de tourisme Transat, en collaboration avec l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Voici, à titre d’exemple, les résultats d’un profil de clientèle dans la région Chaudière-Appalaches pour la saison d’été 2015. Ils présentent le profil et le comportement des visiteurs avant et pendant le séjour, leur niveau de satisfaction et leurs intentions de visites.
Source : Tourisme Chaudière-Appalaches
Pour la période 2016-2017, le baromètre (qui comprend le panier d’indicateurs et le sondage en continu auprès de la clientèle touristique) a été déployé en partie ou entièrement dans 20 associations touristiques régionales, ce qui démontre que cet outil répond à un réel besoin de l’industrie.
Source : veilletourisme.ca du 3/04/17
Etude réalisée par Aude Lenoir