Quelle est l’influence du leisure sur le voyage d’affaires?
Les acteurs du Leisure insufflent-ils un nouveau souffle au Business Travel ? Teoman Colakoglu, Sylvain Andrieu, Jean-Baptiste Goujon et Emmanuel Vergé ont apporté leur décryptage sur le sujet lors d’une table-ronde au Future of Business Travel, ce mardi 16 mars.
Lors du Future of Business Travel organisé par TOM, une table-ronde réunissait plusieurs acteurs du Leisure qui ont développé une offre pour le secteur du voyage d’affaires : Airbnb, Uber et Voyages-sncf.com.Des marques qui ont compris l’appétence pour leurs offres dans le secteur du voyage d’affaires et qui s’adressent désormais à cette cible.
De nouveaux acteurs
« La stratégie de Airbnb, à travers sa plateforme communautaire de confiance, est de placer l’humain au cœur du voyage, a introduit Teoman Colakoglu, Responsable Business Travel d’Airbnb France. Nous voulons que le voyage soit authentique. » Une volonté que la société veut aussi retranscrire dans le milieu professionnel. Pour développer Airbnb for business en 2015 à la demande de la clientèle, la marque s’est d’abord entourée de travel managers : « Nous avons créé la partie business en fonction de leurs requêtes, de leurs attentes ». Par exemple, l’une des priorités abordées était la sécurité des voyageurs. Airbnb a ainsi mis en place un carte interactive, afin d’avoir une visibilité sur les déplacements des collaborateurs d’une entreprise. « Les interfaces ont été travaillées avec les partenaires, si bien que nous sommes désormais en capacité de répondre à leurs demandes », explique le responsable du Business Travel dans la société.
Chez Uber, la nécessité de mettre en place une plateforme destinée aux professionnels s’est également imposée. D’une application grand public, le service de VTC a développé en 2004 son offre Uber for Business. « Nous avons créé un compte corporate, mais l’application reste la même pour les utilisateurs professionnels, précise Sylvain Andrieu, Head of Partnerships d’Uber France. Et si l’adoption a été rapide chez les voyageurs d’affaires, cela a été plus difficile pour les entreprises : « Il leur faut plus de temps. La solution est vraiment poussée par les clients. »
Voyages-sncf.com est quant à elle installée depuis plus longtemps dans le voyage d’affaires. Sa clientèle affaires représente d’ailleurs 20 % du trafic, selon Jean-Baptiste Goujon, Head of Web Business Rail Market de la filiale SNCF. « Notre objectif est de réconcilier vie personnelle et vie professionnelle », déclare-t-il. Une version beta de l’application devrait été testée cet été, plutôt ciblée vers les TPE et PME afin qu’elles puissent gérer leurs déplacements de façon centralisée.
La société Concur, elle, est présente dans le monde corporate depuis plus de 20 ans. Mais elle observe des usages de plus en plus loisirs, portés par l’arrivée de ces nouveaux acteurs.
« Une course contre la montre »
Dans chaque pays, le voyageur d’affaires veut pouvoir utiliser le service qu’il souhaite, assure Emmanuel Vergé. Uber aux Etats-Unis et Didi en Chine par exemple. « Nous assistons à une course contre la montre de la politique voyage entre les entreprises et les nouveaux entrants. Une bataille qui n’est pas prête de s’arrêter. » Selon lui, les acteurs du voyage d’affaires doivent se demander : Quelle doit être ma démarche pour que le voyage soit le plus flexible possible pour le voyageur ?
Dans cette optique, Voyages-sncf.com a développé des plateformes de messagerie, avec notamment la création d’un bot. Une option cohérente aussi bien pour un usage personnel que professionnel. « L’ambition de Voyages-sncf.com est de s’ouvrir. Ce sont les collaborateurs, dans leurs usages, qui font bouger les choses. En regardant l’expérience voyage, on peut concevoir des process en conséquence », déclare Jean-Baptiste Goujon. Chez Uber, entreprise technologique, des centaines d’ingénieurs travaillent pour une « innovation constante et continue », selon Sylvain Andrieu. « Il faut être capable d’anticiper en permanence les besoins des clients », formule t-il.
Des enjeux différents
Pour le Directeur Marketing de Concur, il faut davantage faire parler la data, car elle agrège et permet la création de nouveaux services dans la localisation, la gestion de la sécurité… Une vision partagée par Sylvain Andrieu : « La personnalisation et le big data vont casser les schémas de réservation pour aller vers quelque chose de plus simple ». Uber se voit par ailleurs comme un accompagnateur des acteurs plus traditionnels, à travers des choix alternatifs. Sur le long terme, l’entreprise imagine une ville libérée de la voiture traditionnelle qui prend de la place, avec un environnement aux multiples services complémentaires.
L’enjeu numéro 1 pour Airbnb reste de se faire connaître sur le secteur professionnel. « Nous avons moins d’idées pour la partie business que pour la partie loisirs. Nous réfléchissons tout de même à notre inscription dans l’univers corporate, avec la location d’un logement entier ou des prestations et équipements professionnels… », explique Teoman Colakoglu.
« Les transformations sont en cours, observe Emmanuel Vergé. Certaines entreprises vont réussir à entreprendre les changements nécessaires, d’autres non. La bataille de la relation client gagne le marché du corporate. » Pour Teoman Colakoglu, s’il est dur de faire changer les habitudes, l’accueil est bon du côté des utilisateurs. Emmanuel Vergé conclut ainsi : « Maintenant, la question que l’on doit se poser est la suivante : qu’est-ce que nous allons accomplir pour faire adopter le changement à nos organisations ? ».
tom.travel du 19/05/17