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Patrimoniu-Conca-d’Oru-San-Fiurenzu : Le Label Grand Site de France sacre un modèle de développement

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Patrimoniu-Conca-d’Oru-San-Fiurenzu : Le Label Grand Site de France sacre un modèle de développement

28/09/17
C’est fait ! Patrimoniu et son vignoble déjà protégé, les communes de la Conca d’Oru, et le Golfe de San-Fiurenzu ont reçu officiellement, mercredi matin, le label Grand Site de France.

Ce label rare, convoité, difficile à obtenir et généreusement offert par l’ex-ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, à sa microrégion de prédilection, a été remis en grande pompe à Patrimoniu en présence du gotha politique nord-insulaire. Après le site des Îles sanguinaires-Pointe de la Parata, c’est le deuxième site corse à entrer dans la cour très fermée des sites d’exception et décrocher la palme de l’excellence, néanmoins, remise en question tous les six ans.

Entrer officiellement dans le cercle très fermé des 17 Grands sites de France, c’est une consécration, un privilège qui se fête. La remise officielle du Label Grand Site de France au territoire de la Conca d’Oru-Patrimoniu-San Fiurenzu a donné lieu, mercredi matin, à Patrimoniu, à une cérémonie officielle qui a attiré, en plein cœur du vignoble classé, quasiment tout le gotha politique nord-insulaire, du président du Conseil Exécutif à celui de l’Assemblée et du département en passant par le vice-président du Réseau du Grand Site de France, le président du syndicat des vignerons de l’Appellation Patrimoniu, les présidents et directeurs des agences et offices, les maires des communes concernées, sans oublier le Préfet de la Haute Corse et les représentants des services de l’Etat.

Ne manquait que l’ex-ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, retenue en Inde, et qui, le 22 mars dernier, a offert ce label d’excellence à un territoire d’exception, deux ans et demi seulement après avoir classé le vignoble de Patrimoniu au titre de la loi sur la protection des paysages.

Un Label en verre
La cérémonie s’est déroulée en deux temps.

Premier temps avec une mise en bouche à la Maison des vins, qui devrait héberger la future Maison du Grand Site, pour admirer une exposition de photographies des superbes paysages du territoire et un film sur le Grand Site.

Deuxième temps avec la cérémonie officielle au théâtre de verdure de Patrimoniu et une flopée de discours avant le dévoilement de l’œuvre qui symbolise le label. Une œuvre en verre, conçue par le même artiste qui a livré toutes celles des autres Grands Sites français, et qui sera exposée sur un socle en pierre calcaire taillée de Patrimoniu, réalisé, pour sa part, par un article local. L’œuvre sera exposée dans le hall d’entrée du Conseil départemental en attendant de rejoindre la Maison du Grand Site.

Après la remise du label, est venue le temps des réjouissances qui, à Patrimoniu, se déroulent toujours autour d’un verre de vin. La dégustation a été, également comme toujours, offerte par les vignerons, et suivie d’un buffet champêtre. Un geste que les vignerons ont, cette fois-ci, accompli d’autant plus volontiers que ce label récompense, une nouvelle fois, cette prestigieuse terre de vignoble, qui s’étale sur 430 hectares entre mer et montagne, et leurs efforts conjugués pour la protéger, la valoriser et la développer durablement.

Un projet ambitieux
« Plus que la consécration d’un long travail initié il y a plusieurs années, c’est un encouragement qui nous a été donné et qui nous met face à nos responsabilités. Celle de bâtir, pour cette microrégion d’exception, un projet ambitieux qui mêle préservation du site, protection de ses qualités paysagères et développement économique. À l’heure où la pression urbanistique et la spéculation immobilière font des ravages, le classement du site, qui constituait déjà une première phase, a été un outil de protection indéniable », se félicite José Poggioli, maire de Patrimoniu. Pour lui, ce label est « un formidable outil de développement économique et touristique que nous voulons responsable, intelligent et durable. Ce site n’est pas sanctuarisé, il est vivant et fort des hommes qui l’ont façonné, en premier lieu les vignerons qui ont su démontrer que qualité et préservation de l’environnement étaient indissociables. Les fondations ont été posées, à nous de construire le projet qui va faire vivre, valoriser et développer ce site avec un tourisme identitaire et durable fondé sur l’activité dominante de la viticulture. Le territoire du grand site est, aussi, une terre de culture reconnue pour ses festivals, le dynamisme et la créativité de son milieu associatif qui auront toute leur place dans le projet que nous allons bâtir ». Avant de tourner le regard vers l’église qui domine le village et bénit son terroir : « Montrons-nous dignes de notre héritage, fruit de la terre et du travail des hommes, et ouvrons une nouvelle voie sur ces valeurs de partage, de respect, de tradition et de modernité incarnées par notre saint patron San Martinu »

Une feuille de route
Le label sera porté par un syndicat mixte, en cours de création, qui en deviendra le gestionnaire et assurera la maîtrise d’ouvrages des différentes opérations. Il sera composé du Département de la Haute-Corse, – à terme la nouvelle collectivité de Corse -, de la ComCom du Nebbiu-Conca d’Oru, des 6 communes qui constituent le Grand Site, à savoir Patrimoniu, Barbaghju, Feringule, Oletta, U Poghju d’Oletta et San Fiurenzu, associés au Syndicat des vignerons de l’appellation viticole Patrimoniu. « Après l’obtention du label, l’enjeu, désormais, est de créer le syndicat mixte, c’est-à-dire l’outil qui aura la charge de mettre en œuvre le plan de gestion du Grand Site. Le ministère a édicté une feuille de route qui regroupe cinq actions prioritaires que nous devons engagées dans les deux ans. La première est la création de la Maison du Grand Site au sein de la Maison des vins, mais également l’élaboration et la mise en œuvre, sur l’ensemble du périmètre du Grand Site, d’une charte paysagère, environnementale et urbanistique, d’un plan de déplacement doux et d’un plan de signalétique. Le délai de réalisation est très court », explique Antoine Orsini, chef de la mission Grand Site. « Plus généralement, sur les six ans d’attribution du label, nous devons mettre en œuvre le plan de gestion que nous avons adopté en juillet et qui comprend 49 actions opérationnelles dans tous les domaines de l’aménagement, de la valorisation touristique, de la préservation du paysage, des paysages… ».

Une opportunité et des devoirs
Contrairement au classement du site qui impose des contraintes règlementaires, notamment en matière d’urbanisme, le label ne contraint pas. « C’est un plus, une marque déposée, une reconnaissance du travail qui a été fait jusqu’à présent et de l’état de préservation du territoire et de ses paysages, ainsi qu’une validation du projet de plan de gestion », précise Antoine Orsini. Qu’est-ce que le territoire peut en attendre ? « Ce label crée une opportunité en termes de notoriété qui se traduira, notamment, par un saut qualitatif dans tout ce qui sera fait en termes de développement et d’aménagement. Sans doute, un bond quantitatif au niveau de la fréquentation, nous devons accueillir les visiteurs avec des aménagements plus adaptés. Ce label génère, aussi, des devoirs en matière d’investissements, d’aménagement, de gestion et de préservation du site envers les acteurs locaux qui ont porté ce projet. Enfin, ce label fait rentrer le territoire dans le cercle assez restreint des Grands Sites de France – il n’y en a que 17 au niveau national -, ce qui ajoute au rayonnement et à l’attractivité de ce territoire ». Sur ce site de 5 859 hectares qui accueille environ 500 000 visiteurs par an, l’objectif avoué est de doubler l’affluence touristique tout en préservant l’environnement.

La consécration d’un combat
Pour Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de Corse (CTC) et président du parc naturel marin du Cap Corse, l’enjeu va bien au-delà. « Au-delà de la confirmation de tout le travail réalisé depuis plusieurs années par tous les acteurs de la région, économiques ou de terrain, ce label est, aussi, la consécration d’un combat mené depuis des décennies. Un combat notamment symbolisé par la réappropriation de la terre qu’incarnent les vignerons de l’AOC Patrimoniu, après les dérives des années 70 dans le secteur du vin. Le travail, qu’ils ont accompli, est tout à la fois un travail de mémoire, de culture, de rapport à la terre, d’excellence économique qui sert de locomotive à un modèle de développement durable où même le tourisme s’intègre. Le label est un nouveau point de départ pour aller encore plus loin dans cette perspective-là ».

Un modèle alternatif
Pour le leader nationaliste, le combat des vignerons de Patrimoniu souligne en contrepoint, en creux et de façon très forte « le refus de tout ce que nous ne voulons pas et qui a été empêché par la lutte menée par les Nationalistes, y compris la dépossession, la spéculation foncière, la dévitalisation des villages… C’est un modèle alternatif qui se construit avec l’implication de tous, y compris les acteurs institutionnels, mais surtout avec les maires des petits villages qui jouent un rôle essentiel ».
Et Gilles Simeoni de conclure : « L’œuvre en verre, qui symbolise le label, s’appelle : « Ecoutez le monde ». C’est, peut-être, ici dans ce théâtre de verdure de Patrimoniu, dans cette union entre le passé, le présent et l’avenir, dans cette terre d’identité que nous sommes le mieux pour, à la fois, écouter le monde, l’imaginer et, je l’espère, le transformer et le rendre meilleur ».

Nicole Mari

Corsenetinfos.corsica du 27/09/17

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