L’Agence de Tourisme de la Corse élargit son offre et mise sur la réassurance sanitaire
L’Agence du Tourisme de la Corse (ATC) poursuit son action de réassurance sanitaire et cherche à re-dynamiser son offre pour gagner en attractivité. L’ATC se projette au-delà de 2021 et ne freine pas ses efforts sur le segment du tourisme d’affaires. Le point avec la présidente de l’ATC, Marie-Antoinette Maupertuis.
TourMaG.com-Que représente le tourisme en Corse aujourd’hui ?
Marie-Antoinette Maupertuis : Le tourisme est le premier secteur économique de la Corse. La dépense touristique représente 33% du PIB contre 7,4 au niveau national. Nos structures touristiques sont de petite taille, composées dans leur majorité de petites et moyennes entreprises familiales.
Pour autant environ 35 millions de nuitées sont recensées chaque année et ces entreprises emploient environ 16 000 saisonniers.
Notre tissu économique a donc été fortement impacté par la crise sanitaire. A l’issue des deux confinements, le manque à gagner en Corse est de près de 1,5 milliard d’euros.
Même si nous avons relevé la tête cet été, il n’en demeure pas moins que l’entrée de la Corse en zone rouge au mois de septembre a douché tous les espoirs d’un rattrapage des pertes subies au printemps 2020. A titre de comparaison, en 2019, la Corse a accueilli 2,7 millions de touristes et jusqu’à 380 000 touristes par jour en période de pointe estivale.
Mais la COVID a changé la donne. La chute de la fréquentation a été de 48% sur l’ensemble de l’année 2020 entrainant les socio-professionnels dans une tourmente historique avec près de 4 000 emplois détruits.
TourMaG.com – Comment se profile l’année 2021 ?
M.-A. M. : Pour une île la question des transports extérieurs est centrale. Il semble que l’on puisse éviter le scenario noir du printemps 2020 lorsque la Corse a été pratiquement coupée du monde. Si la visibilité est encore faible pour les lignes européennes, les compagnies aériennes ont prévu à ce jour des ouvertures de ligne en provenance de nombreux bassins émetteurs métropolitains.
La Corse serait accessible au départ des capitales régionales et d’ores et déjà, les vols sont en vente sur le site de différentes compagnies, dont Air Corsica.
Évidemment l’ajustement des programmes se fait presque en temps réel. Paris, Marseille, Nice, Lyon, Toulouse, Montpellier, Bordeaux, Nantes, Brest, Caen, Lille, Strasbourg, Dole, Clermont-Ferrand, Bâle–Mulhouse figurent pour l’instant au programme.
Venir en Corse avec son propre véhicule par ferries du continent français est toujours possible. Par ailleurs notre marché historique de proximité, l’Italie, accessible aussi par ferries, nous envoie des signaux encourageants.
Si la situation sanitaire le permet, les ports italiens draineront aussi les flux des marchés émetteurs allemands, autrichiens, suisses et néerlandais. Élément non négligeable qui nous permettra de capter ces flux complémentaires en deuxième intention.
On s’achemine probablement, comme en 2020, vers une saison « franco-française ». Notre île pourrait tirer son épingle du jeu, puisque selon un sondage réalisé fin janvier auprès des Français qui réservent en ligne, la Corse est en tête des destinations les plus prisées.
La période septembre-novembre qui, chez nous, représente 27% de la fréquentation annuelle, s’avère désormais stratégique, bien loin de la simple variable d’ajustement.
TourMaG.com – Quelle est votre stratégie actuelle ?
M.-A. M. : Sur le court terme, nous misons sur une nouvelle campagne de promotion avec un budget abondé qui s’élève en 2021 à 6,3 millions d’euros. A la clé, une stratégie marketing digitale revisitée. L’enjeu est d’être visible dans un univers qui devient hyperconcurrentiel.
L’année dernière, nous avons mis le cap sur la réassurance sanitaire avec ce mot d’ordre « Corse, destination confiance ».
Le retour d’expérience nous enseigne que le message délivré était approprié. A la sortie du premier confinement, la Corse était la destination la plus vendue sur le marché français. Aussi, en 2021, nous poursuivrons notre action de réassurance sanitaire en partenariat avec les offices de tourisme et les socioprofessionnels.
Au-delà, de nouveaux parcours touristiques sont à découvrir pour ceux qui veulent s’activer après une succession de confinements et couvre-feu, la détente dans des espaces préservés voire confidentiels comme l’authenticité de nos productions seront aussi des vecteurs puissants d’attractivité.
TourMaG.com – Quelles sont les actions en place ?
M.-A. M. : La mise en place de notre marque territoriale « Safe Corsica » va monter en puissance. L’objectif est clair : rassurer les touristes comme les résidents. 200 professionnels y ont déjà adhéré (transporteurs, hôtels, restaurants, Gîtes, TO, acteurs de l’événementiel).
En écho à la forte demande des destinations « littorales » et « montagne », « pleine nature » et dont la Corse fait partie, l’ATC accompagne des projets structurants. Sans verser dans un inventaire à la Prévert, citons ce nouvel itinéraire vélo « La GT 20 » qui s’adresse aux amateurs de cyclotourisme, qu’ils soient sportifs confirmés ou simples hédonistes, avec et c’est une nouveauté, le déploiement de la marque « accueil vélo ».
Le second est la valorisation du train corse et des nombreux ouvrages d’art que son réseau comporte, comme ce pont Eiffel en plein cœur de l’île.
Enfin un itinéraire labellisé par le Conseil de l’Europe « la Via Sancti Martini » aura bientôt sa déclinaison corse, reliant tous les villages et hameaux de l’île où l’on peut trouver une église dédiée à Saint Martin de Tours.
Nous serons également très présents sur le digital et les réseaux sociaux. En attendant de lancer notre grande campagne de communication, qui sera co-construite avec les territoires.
Enfin, le principe selon lequel « Les Corses redécouvrent la Corse » figure au programme.
TourMaG.com – Quid du B2B ?
M.-A. M. : Nous travaillons main dans la main avec les opérateurs locaux et les offices de tourisme. Objectif : re-dynamiser l’offre très rapidement. Concrètement, la Corse va mettre en valeur à la fois son offre de printemps, ainsi que les expériences sur les territoires. Le tout sur fond de réassurance sanitaire évidemment.
L’ATC entend aider les intermédiaires de voyages à « vendre » la destination Corse. Et pour y parvenir, tous les moyens seront déployés. A commencer par les désormais incontournables webinaires « Comment voyager en Corse cette année ? » sans oublier les traditionnels « accueils presse ».
Pour la saison 2021, nous avons multiplié les supports. Cette diversité est une force. Le rayonnement de notre territoire n’en sera que plus grand.
Dans ce droit fil, le tourisme d’affaires et l’activité MICE, ne l’oublions pas, demeure une filière sur laquelle nous poursuivons nos efforts. La proximité de l’île avec de grandes régions économiques et le dépaysement proposé à vol d’oiseau sont des cartes à abattre.
Seul bémol : on sait, au regard de la tendance nationale, que ce secteur, plus que d’autres, sera fortement impacté. Peut-être sera-t-il un peu plus long à redémarrer.
Mais il fait partie des différents leviers que l’ATC espère actionner, car depuis 5 ans notre activité MICE s’est fortement développée.
Ainsi, par exemple, plusieurs eductours, en partenariat avec les réceptifs et la compagnie Air Corsica seront organisés à l’attention des directeurs d’agences événementiels et décideurs d’entreprises. Je n’oublie pas le nécessaire soutien à la prospection commerciale via des participations à différents workshops MICE. Ce dispositif est prévu. L’ATC se projette déjà dans l’après : au-delà de la saison 2021, celle de 2022 est dans la ligne de mire.
Tourmag du 17 février