Aéroports : tests de dépistage du COVID-19… l’enjeu de la reprise des vols à l’international ?
Comment justifier qu’un voyageur n’est pas contaminé ?
Montrer patte blanche et justifier que l’on n’est pas porteur du coronavirus deviendra, à n’en pas douter, une formalité à remplir pour pouvoir s’envoler hors des frontières de l’Hexagone. Aéroports de Paris, Les Entreprises du Voyage, ou encore certains réceptifs suivent de près la possibilité de réaliser des tests de ce type et assurer ainsi le bon déroulement du séjour. Explications.
L’allocution du Premier Ministre, le 28 avril dernier devant l’Assemblée Nationale, était attendue par les professionnels du tourisme.
Mais la présentation du plan de déconfinement, qui débutera le 11 mai 2020, les a laissés sur leur faim.
Finalement, Edouard Philippe a laissé entendre qu’il faudra attendre la fin mai pour en savoir davantage sur l’ouverture éventuelle des cafés et restaurants, des plages, ou encore sur les déplacements interrégionaux…
Alors pour le tourisme international, on a envie de dire… qu’il faudra repasser !
Et pourtant compagnies aériennes et aéroports pensent déjà à la reprise hors des frontières de l’Hexagone.
Dans une note remise à Augustin de Romanet, président d’ADP, Le Point dévoile les grandes lignes sur lesquelles travaille Aéroports de Paris pour envisager un déconfinement en toute sécurité.
Parmi elles : contrôle de la température au départ comme à l’arrivée, port du masque, mise en place de protections dans les endroits ayant des interactions humaines, neutralisation d’un siège sur deux dans les lieux d’attente ou encore organisation spécifique pour éviter les files d’attente…
Aéroports de Paris estime, selon « Le Point » que « le trafic aérien ne pourra reprendre que si les passagers bénéficient d’un habeas corpus sanitaire, c’est-à-dire la garantie de ne pas être mis en quatorzaine de façon arbitraire ».
ADP et Choose Paris Region, agence de promotion et d’attractivité internationale de la Région Île-de-France, ont d’ailleurs lancé un appel à projet d’innovation « Safe Travel Challenge » sur ce sujet.
Vers des tests de dépistage au départ des aéroports ?
Parmi les solutions évoquées figurent également la présentation d’un résultat de test négatif au Covid-19 ou la mise en place de tests de dépistage au départ des aéroports.
Invité par BFM Business, Augustin de Romanet avait la semaine dernière déclaré : « La généralisation de tests accessibles et rapides pourrait permettre le moment venu de tester les passagers avant leur envol ».
Pour Alexandre Demaille, dirigeant associé de RapideVisa, cette solution faciliterait grandement le travail des professionnels et permettrait de répondre à une double contrainte : rassurer les voyageurs et répondre aux formalités que pourraient mettre en place les pays tiers pour s’assurer que le virus ne rentre pas à nouveau sur leur territoire.
Dans une chronique publiée fin mars 2020, le directeur de RapideVisa évoquait déjà cette piste : « Les agences de voyages et compagnies aériennes y gagneraient, car elles n’auraient pas à rapatrier les éventuels refus d’entrée.
De telles facilités permettraient aux Français de retrouver, le plus tôt possible, leur liberté de voyager, indispensable à l’issue d’un confinement pesant. »
EDV : « Nous sommes très favorables pour que les contrôles se fassent au départ »
Une mesure suivie de près aussi par les Entreprises du Voyage.
Jean-Pierre Mas, son président, qui s’exprimait dans nos colonnes mardi 28 avril 2020, n’a pas caché son intérêt pour la question : « Nous nous posons la question d’une généralisation des tests dans le tourisme.
Nous sommes très favorables, voire même insistants, pour que tous les contrôles des voyageurs se fassent au départ, de manière à ce qu’aucun voyageur ne soit mis en quarantaine ou soit refoulé à l’arrivée.
Nous souhaitons que les contrôles soient faits dans l’aérogare avant la phase d’enregistrement, même à l’extérieur dans la mesure du possible, pour faire de l’aéroport un lieu de sécurité sanitaire.
Il va falloir nécessairement une procédure globale de l’ensemble des pays permettant un échange des voyageurs. »
Et sur le terrain, les professionnels eux-mêmes se posent la question. C’est le cas du réceptif ACROSS Australia-Oceania basé à Adélaïde en Australie.
Son fondateur et directeur général, Sébastien Cros, est d’ores et déjà en train de regarder quelles sont les possibilités. Pour lui, pas de doute : « c’est l’avenir du secteur.
C’est une solution à laquelle nous réfléchissons actuellement. Nous regardons les dispositions et le coût pour mettre en place des tests reconnus par les autorités sanitaires du pays. Mes équipes se renseignent avec le ministère de la Santé afin que tout se fasse dans les règles » explique-t-il.
Emirates teste déjà ses passagers à Dubaï
D’autres n’ont pas attendu l’accès à des tests nouvelle génération. Emirates a, dès la mi-avril, testé au Covid-19 des passagers à l’aéroport de Dubaï qui embarquaient sur un vol vers Tunis.
Un test sanguin a été effectué par l’Autorité sanitaire de Dubaï (DHA) et les résultats ont été disponibles en 10 minutes expliquait la compagnie. Ce test de dépistage a été effectué dans la zone d’enregistrement, au terminal 3 de l’aéroport international de Dubaï.
i[« Nous nous employons à accroître les capacités de dépistage à l’avenir et à les étendre à d’autres vols, ce qui nous permettra de réaliser des tests sur place à l’aéroport et de fournir une réponse immédiate aux passagers Emirates voyageant vers des pays qui exigent des certificats de test COVID-19 »],i précisait la compagnie dans un communiqué de presse.
Reste la question du coût d’une telle procédure.
Qui pour payer la note ?
Augustin de Romanet rappelait sur BFM Business que le fait de tester les passagers avant de monter dans un avion est une compétence de l’Etat. « Si des tests rapides à des prix raisonnables existaient, cela serait une très bonne piste », a-t-il précisé.
Toutefois, pour Alexandre Demaille, il ne serait pas étonnant que le secteur privé prenne en charge une partie des coûts : « cela pourrait être partagé entre les opérateurs privés qui souhaitent que les voyages reprennent, les voyageurs et l’Etat ».
Car sans test fiable, et en attendant un futur vaccin, la plupart des pays imposeront a n’en pas douter une quatorzaine obligatoire à tous les voyageurs arrivant sur leur sol.
Reste à savoir quand un test rapide et surtout fiable pourrait être proposé aux passagers sur le départ…
tourmag du 30 avril