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Corse secrète : un road trip hors saison en Balagne

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Corse secrète : un road trip hors saison en Balagne

07/02/24

A la croisée des routes patrimoniales comme celle des artisans, des vins ou des sens authentiques, la Balagne, située en Haute Corse sur la côte nord-ouest, est un territoire envoûtant. A chaque arrêt des trésors patrimoniaux et naturels, des personnages hauts en couleurs ou des découvertes gustatives. Longtemps surnommée le jardin de la Corse grâce à ses terres fertiles, la Balagne est réputée notamment pour sa gastronomie : goûtez son huile d’olives à la saveur subtile et fruitée, découvrez ses jardins potagers, ses agrumes ou ses amandiers … Ne manquez pas d’apprécier son célèbre fromage de type Calinzana et son piquant inimitable ! Également terre de vignobles, la Balagne donne naissance aux plus grands crus et enchante le visiteur avec ses paysages viticoles grandioses et ses découvertes de caves.

Hors saison, la Balagne se découvre aussi à vélo, en suivant les panneaux de la GT20 « A traversata maiò » … en famille ou en tant que sportif confirmé, suivez les petits panneaux verts et parcourez les étapes à votre rythme !  Les randonnées découverte comme celle du sentier de la transhumance, au départ de Calinzana, saura aussi vous faire aimer la Corse de l’intérieur, hors des sentiers battus. De belles promenades contemplatives, au milieu des oliviers ou des chênes lièges, le long des routes sinueuses s’offriront également à vous.

Sur votre chemin, vous trouverez tous types d’hébergement, de l’hôtellerie classique au gîte en passant par la chambre d’hôtes. Vous pourrez également vous restaurer dans des lieux simplement incroyables, à l’accueil chaleureux et à la cuisine divine, ou juste boire un verre dans un café sur une place de village.

Je vous conseille un itinéraire de 3 jours, tout ou partie, dans l’ordre que vous souhaitez, ce qui vous donnera le temps de flâner et d’apprécier chaque moment comme j’ai pu le faire. Durant ce road trip j’ai traversé des villages dynamiques et accueillants, mais aussi des villages très peu peuplés, semblant endormis après la saison estivale, mais rassurez-vous ! Il y a toujours un point d’intérêt à découvrir pour celui qui sait regarder au-delà de la carte postale. La Corse hors saison n’est-elle pas synonyme de calme, de quiétude et de sérénité ?

Je vous conseille un itinéraire linéaire, le tour des villages perchés de Balagne pouvant se dérouler comme suit (la distance entre chaque village est assez courte) : 

  • Lama
  • Belgodère – Belgudè
  • Speloncato – Speluncatu
  • Nessa – Nesce
  • Feliceto – Felicetu
  • Cateri – I Cateri
  • Sant’Antonino – Sant’Antuninu
  • Montemaggiore – Monte Maiò
  • Zilia
  • Longhignano – Lunghignanu
  • Calenzana – Calinzana

Porte d’entrée de la Balagne, dans la Vallée de l’Ostriconi :
Lama, village culturel 

Lorsque vous arrivez d’Ajaccio ou de Bastia, prenez direction Ponte Leccia, le village de Lama se trouve à une quinzaine de minutes de là.

Lorsque je quitte la route principale, le spectacle commence : comme suspendu à la montagne le village de Lama s’offre aux visiteurs. Vu « d’en dessous » le village et ses grandes maisons de pierres impeccablement bien conservées promettent une découverte inoubliable ! 

Je débute ma visite dans le dédale des ruelles du village, peu de monde en cette saison mais il se dégage tout de même une atmosphère chaleureuse : jolies maisons en pierres, jardinières colorées, bougainvilliers grimpant jusque dans les étages des habitations, terrasses extérieures toujours disposées devant les entrées, le village ne va pas tarder à s’endormir dans cette ambiance automnale. Sur les panneaux d’informations je découvre les lieux et curiosités à ne pas manquer : A Casa Monti, A Torra – Casa Lellè Masisani, ancienne tour défensive du village, des soubassements datant du Moyen-Age, et d’autres trésors comme les Palazzi ou le Belvédère …

En haut du village débute le sentier du patrimoine : j’arrive sur un petit chemin en pente douce et devine que le panorama au bout doit être exceptionnel … effectivement, sur le petit plateau du Luzarellu le spectacle est saisissant : Il est 9h00 ce matin et le soleil d’octobre inonde les montagnes environnantes, j’éprouve un sentiment de quiétude devant l’immensité du paysage … Je découvre ensuite les anciens jardins du village situés dans un vallon … A la « Funtana Bona » je me désaltère … Le parcours se termine par un site insolite celui des caves a fromages de la Maison Corallini … Mais je ne vous en dirais pas plus, à votre tour d’emprunter le sentier ! Au retour, c’est au Stallò que je fais une halte : les anciennes étables, aux impressionnants murs de pierres, ont été restaurées en un lieu culturel accueillant des expositions.

U Stallò ©ATC

Belgodère aux multiples facettes !

A une vingtaine de minutes de là, Belgudè ! En arrivant sur la place du village force est de constater que je me trouve dans un lieu d’un dynamisme sans pareil : cyclistes, motards, randonneurs, villageois et promeneurs, tous semblent s’être donné rendez-vous sur la place du village, tout près de la belle église San Tumasgiu. Halte désaltérante pour les uns, repos des jambes pour d’autres, ou simples « épicuriens – curieux » comme moi, le village de Belgudè promet déjà de belles découvertes ! La carte du restaurant (ouvert à l’année) situé sur la place me séduit déjà : agneau à la stretta, ravioli au brocciu, gâteau à la châtaigne, glaces artisanales aux goûts évocateurs tels que myrte, châtaigne, mandarine ou cédrat …

et ce n’est pas Stéphane mon adorable hôte, intarissable sur son village qui me contredira ! Et juste pour le plaisir de l’anecdote : baptisée d’un prénom masculin à cause d’un problème d’état civil, elle s’en accommodera tout au long de sa vie ! Côté patrimoine, visitez l’église San Tumasgiu, à l’architecture baroque remarquable. Comme moi, déambulez dans les ruelles du village, admirez les façades des maisons, poussez la porte des artisans locaux et visitez leur atelier ! A partir de la place je me hisse tout en haut du village jusqu’au point de vue à 360° : sous mes yeux, la méditerranée, la plaine du Reginu, les champs d’oliviers, le château Malaspina …

Eglise San Tumasgiu ©ATC

Speluncatu et sa douceur de vivre

Etape suivante me voilà à Speluncatu, avec ses ruelles sinueuses pavées de pierre et ses maisons de village en granit. Chaque coin de rue me réserve une nouvelle découverte. Immédiatement séduite par le charme intemporel de ses façades vieilles de plusieurs siècles, ornées de jardinières fleuries et de volets en bois colorés, la promenade fut un immense plaisir. Après avoir grimpé tout en haut du village direction « A Cima » le tableau qui s’offre à moi en récompense est fabuleux : une vue panoramique, vertigineuse, dont vous ne vous lasserez pas, croyez-moi, j’y ai passé presque une heure !

Je visite ensuite l’église paroissiale Saint Michel, datant du XVe siècle, joyau d’architecture qui témoigne de l’histoire riche de Speluncatu. À l’intérieur, les œuvres d’art religieuses, véritables trésors du patrimoine corse. Une surprise m’attend à l’intérieur de l’église, je n’en dirai pas plus … Au retour de ma promenade, je fais une halte bien méritée au café de la place, en face de la fontaine. Pablo m’y reçoit, il est la 4è génération à la tête de ce lieu de vie en plein cœur du village ! Passionné et passionnant il connait par cœur l’histoire de son village … dans lequel son arrière-grand-mère tenait jadis l’épicerie …

Eglise San Michele ©ATC

Un arrêt historique à Nesce

A ce stade de l’itinéraire je fais un crochet vers Nesce, un joli petit village lové au cœur de la châtaigneraie. Je m’y suis arrêtée un petit moment car ce village, hautement symbolique et historique, est le berceau de l’un de Pères Fondateurs de l’Université de Corse Pasquale Paoli, nommé Don-Gregorio Salvini. Désigné lors de la Consulte de Corte en 1763, il sera l’un des 9 hommes dont la lourde tâche sera de créer l’Université de Corse … Don-Gregorio Salvini est également l’auteur de l’ouvrage La Giustificazione delle Revoluzione di Corsica, qui recense en 160 points la mauvaise gestion de la République Gênes sur la Corse, un véritable pamphlet justifiant la création du mouvement nationaliste né en Corse à partir de 1729. Don-Gregorio Salvini décède en décembre 1789 à Nesce, sa tombe sera creusée à l’entrée de l’église.

Felicetu et son authentique épicerie

Arrivée à Felicetu, c’est en me dirigeant vers la jolie église dédiée à Saint Roch que je découvre une toute petite épicerie : une petite terrasse installée devant la porte, des caisses de fruits et légumes du jardin, un drapeau corse, et une enseigne « Chez Margot ». Comme moi, prenez le temps de discuter avec Margot et son mari qui depuis près de 40 ans tiennent cette échoppe au cœur du village de Felicetu, maintenant ainsi un certain lien social.

Eglise de Felicetu ©ATC

Cateri, son auberge et ses milans royaux

Si vous aimez la bonne cuisine traditionnelle, si vous aimez les produits authentiques, alors cette halte Chez Léon à Cateri, vous réservera la plus belle des surprises. Croyez-moi, vous n’avez jamais mangé aussi bien … Beignets de courgettes, veau corse aux olives, sanglier en sauce, charcuterie, fiadone ou profiteroles maison à partager, le tout dans un environnement préservé et très agréable avec vue sur les villages environnants. Durant le déjeuner, j’assiste au balai des milans royaux « i filanci », ces rapaces majestueux endémiques à l’Europe et qui ont trouvé en Corse un espace de vie très important pour leur reproduction. Si vous croisez Dumè, le maitre des lieux, transmettez lui mes amitiés  !

Beignets de courgettes ©ATC

Sant’Antuninu comme un trésor médiéval

Au loin, au détour d’un virage la vue se fait tout à coup plus dégagée, et tout là-haut, j’aperçois le village de Sant’Antuninu … Je comprends maintenant pourquoi ce village est toujours qualifié de nid d’aigle ! Surplombant la vallée, du bleu à perte de vue, j’imagine que la balade va être incroyable. Après avoir garé sa voiture c’est à pied que tout se fait : ruelles pavées, four à pain, pressoir, anciennes fortifications, maisons construites dans la roche, accrochées les unes aux autres … Où que l’on regarde il y a toujours quelque chose de beau à voir !

Eglise de l’Annonciation ©ATC

Monte Maiò la majestueuse

Me voici enfin à Montemaggiore – Monte Maiò – carte postale de la Balagne ! Une fois arrivée au village, c’est Sant’Austinu, l’église de style baroque datant du XVIIIè siècle qui se dresse devant moi. Sa façade domine la baie de Calvi et la vue est époustouflante. On m’avait parlé d’une promenade dans les ruelles du villages et effectivement, elle est incontournable : maisons fleuries, façades aux volets colorés, portes sculptées de toute beauté, tout ici est l’occasion d’une photo. Des cyclistes passent, je me souviens que la GT20 « la Grande Traversée » passe par là … Il suffit de suivre les petits panneaux verts et blancs. Ces paysages me donnent envie de tenter l’aventure …  Une étape pour commencer, avec un vélo électrique bien sûr !

Ruelles de Montemaiò ©ATC

Zilia, son eau, ses cuggiulelle, son couvent franciscain et son vignoble !

Après Calenzana, me voilà à Zilia, célèbre pour son eau qui est vendue dans toute la Corse, et même ailleurs … plate ou gazeuse elle se trouve sur toutes les tables ! Zilia est également célèbre pour ses cuggiulelle, authentiques biscuits de Balagne, que je m’empresse de goûter sur place directement sur le lieu de fabrication.

Lunghignanu et son trésor caché

Rarement je suis tombée nez à nez avec une église aussi jolie et aussi différente des autres édifices religieux. A Ghjesgia San Vitu (et sa chapelle Sant’Antone) est un monument incontournable du petit village de Lunghignanu. Elle fut édifiée entre 1801 et 1812. Elle n’était pas ouverte lorsque je suis passée, mais il se dégageait une telle émotion de ses murs que la voir de l’extérieur était déjà formidable. Une découverte à ne pas manquer.

Eglise San Vitu ©ATC

Calenzana et sa douceur de vivre

Lorsque j’arrive à Calenzana, ce qui m’interpelle c’est la douceur de vivre qui émane de ce village : parties de pétanque, cafés conviviaux et accueillants, jeunes et moins jeunes en grande discussion sur la place principale, nous sommes au cœur de l’automne mais les saisons ne semblent pas avoir de prise sur ce lieu. Découvrez comme moi avec curiosité le patrimoine religieux du village : Saint Blaise, Saint Antoine, Sainte Restitude ou A Casazza la chapelle de la Confrérie Santa Croce.

Eglise San Biaghju ©ATC

Le mot de la fin

Après avoir sillonné les routes sinueuses de la Balagne, c’est avec le cœur empli de souvenirs inoubliables que je conclus ce road trip. La découverte de paysages différents, entre villages perchés, terres viticoles et montagnes verdoyantes, a été une expérience immersive inoubliable. Les rencontres touchantes avec les habitants ont ajouté une touche humaine à ce périple, faisant de chaque arrêt une découverte authentique. Entre les dégustations de produits locaux et l’exploration des monuments chargés d’histoire, la Balagne s’est révélée être une destination riche en surprises. Ce road trip restera gravé dans ma mémoire comme une aventure où nature, culture et l’histoire se sont entremêlées, laissant derrière moi des moments de bonheur et d’émerveillement.

A découvrir également si vous avez encore un peu de temps : Pigna le village des artisans, Muru et son environnement naturel remarquable, Avapessa et son jardin botanique unique, Occhjatana et le tombeau du sculpteur Damaso Maestracci, ancien élève et premier prix de l’école des Beaux-Arts de Marseille, Ville di Parasu et son église San Simone, Cassanu et ses imposantes bâtisses. Pour finir, on ne peut oublier de citer les deux grandes villes principales de Balagne qui ont su garder leur cachet : Calvi et l’Ile Rousse ! 

Découvrez le road trip en images, comme si vous y étiez !

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