Covid : En France, 30% des hôtels et restaurants pourraient mettre la clé sous la porte
Le collectif “Resto Ensemble” alerte sur des conséquences désastreuses si les pertes d’exploitation ne sont pas indemnisées par les assureurs.
D’après un sondage du collectif “Resto Ensemble”, 30% des établissements – hôtels, cafés, restaurants et discothèques risquent de faire faillite et de ne pas réouvrir. En deux mois de temps, le virus, et les mesures de confinement qu’il a entraînées, pourraient être fatal à de nombreux professionnels du secteur. « La trésorerie était déjà très faible avec tous les mouvements sociaux qu’il y a eus, maintenant avec le Covid c’est un vrai cauchemar. Un cauchemar national et universel. Tout le monde est concerné, de la crêperie aux 3 étoiles », se désespère le chef Philippe Etchebest, membre de ce collectif de chefs d’entreprise de l’hôtellerie et de la restauration, né de la crise du Covid. “On parle de réouverture au plus vite, mais pour ça, il faudra que les établissements soient encore debout”, prévient Laurent Trochain, chef étoilé du Numéro 3, qui fait partie des cofondateurs de ce mouvement lancé mi-mars comptant déjà 17000 followers sur Facebook.
« Il est vital que les assureurs nous aident »
Après l’Umih, qui a très vite alerté sur le sujet, c’est à nouveau la question ultra sensible de l’assurance des pertes d’exploitation qui revient sur la table. “Il est vital que les assurances nous aident à couvrir les pertes d’exploitation, martèle Laurent Trochain. Ils ont accepté de verser 400 millions d’euros dans le fonds de solidarité, certes, c’est une somme énorme, mais ce n’est rien par rapport aux bénéfices des assureurs. C’est vraiment un effet d’annonce.” Si la création d’un fonds d’investissements a aussi été évoquée (à hauteur de 1,5 milliard d’euros, notamment dans le secteur de la santé, ndlr), pour le moment, rien n’a été acté, observe Laurent Trochain. De fait, en parcourant les échanges sur la page Facebook du collectif, on mesure à quel point la colère est immense. D’ailleurs, plus de 93% des 3100 professionnels de collectif interrogés dans le cadre d’un sondage en ligne sur le réseau social, se disent prêts à quitter leur assureur. Plus de 90% se disent également prêts à intenter une action collective en justice. Parmi les professionnels de l’assurance, aussi, la question de l’assurance des pertes d’exploitation a déclenché un cataclysme. Alors que le CIC et le Crédit Mutuel ont annoncé qu’ils allaient prendre en charge les pertes d’exploitation liées au Covid-19, en débloquant une enveloppe de 200 millions d’euros, la nouvelle a été accueillie plus que fraîchement chez les assureurs concurrents, engendrant une véritable tempête au sein de la Fédération Française des Assureurs, ainsi que le rapportent nos confrères de l’Argus de l’Assurance. Face au silence des assureurs, la CAT et ADN Tourisme avaient quant à eux demandé, à ce que la pandémie soit classée en tant que catastrophe naturelle.
Des dispositifs d’accompagnement pas toujours accessibles
Quid des aides de l’Etat ? Si l’effort est très largement salué dans la profession, Laurent Trochain, constate, comme d’autres professionnels du secteur, des trous dans la raquette. “Il y a de nombreuses aides, mais tous les professionnels ne sont pas forcément éligibles, notamment au Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Il y a beaucoup de cas particuliers. Tous les jours, je reçois des appels de professionnels qui sont en véritable détresse. Quand par exemple vous avez investi 700 000 euros dans un restaurant en vue d’une ouverture au printemps, vous n’avez le droit à rien, car le PGE est calculé en fonction du chiffre d’affaires de l’année précédente. Or dans ce cas-là, il n’y en a pas.” “Le remboursement du chômage partiel peut aussi poser problème, d’après les retours que nous font les professionnels du collectif, beaucoup n’avaient rien reçu le 20 avril. D’après notre sondage, 25% des membres du collectif n’avaient pas pu verser les salaires au 15 avril.”
« Des centaines de milliers d’emplois sont menacés face à la sourde oreille des assureurs concernant la reconnaissance de la perte d’exploitation, et des banquiers sur la non-obtention du PGE pourtant promis par le Président Macron », s’inquiète Laurent Trochain. Dans ce contexte, le collectif a décidé de lancer une campagne d’alerte sur les réseaux sociaux, avec des visuels chocs, pour sensibiliser à la détresse des professionnels des cafés, hôtels, restaurants et discothèques.
echo touristique du 5 mai