Davantage de slow tourisme en 2020, moins de tourisme de masse
Depuis plusieurs années déjà, des voix s’élèvent pour lutter contre le tourisme de masse. Un fléau qui met à mal de nombreuses villes et de nombreux sites. Alors que la riposte s’organise, le slow tourisme respectueux de l’environnement apparaît comme une alternative privilégiée par de plus en plus de voyageurs.
Les chiffres sont là. Implacables. Selon les données de l’OMT, nous sommes passés 700 millions de touristes en 2000 à plus de 1,5 milliard aujourd’hui. Un chiffre vertigineux qui a plus que doublé en à peine 20 ans. L’arrivée massive de nouveaux touristes, en provenance d’Asie notamment, la réduction du temps de travail et la multiplication des low-cost expliquent en partie cette croissance qui n’est pas prête de s’arrêter.
Conséquence de cet afflux massif de voyageurs, des villes et des sites se retrouvent vite saturés, pollués, endommagés et donc menacés. Qui n’a pas entendu parler de sur-tourisme à Venise, Split ou Barcelone. Les tombeaux d’Egypte, le Machu Picchu, chez nous le Mont Saint-Michel sont eux aussi mis à mal. Même la Suisse commence à se plaindre d’un phénomène de sur-tourisme.
Sous la pression médiatique et de l’opinion publique, les états, les municipalités sont contraintes de prendre des décisions. Les villes, comme à Venise ou à Dubrovnik, mettent en place des péages payants pour limiter l’afflux de visiteurs. Aux Etats-Unis dans le Colorado, un tirage au sort a été mis en place pour pouvoir visiter « The Wave », une vague de roches rouges. Seulement 20 places sont disponibles chaque jour. Les mesures sont parfois plus drastiques. Ainsi, Maya Bay, la baie thaïlandaise rendue célèbre par le film « La Plage » avec Leonardo DiCaprio sera fermée jusqu’en 2021. Autre exemple, face à la sur-fréquentation touristique, la ville de Kyoto au Japon interdit les photos des touristes visitant le quartier de Gion, lieu de vie de nombreuses geishas.
L’objectif final n’est bien entendu pas de tuer le tourisme mais de faire en sorte qu’il soit mieux régulé avec des voyageurs mieux répartis dans l’espace et dans le temps. Et parce que le tourisme de masse devient une pratique de plus en plus décriée dans le monde entier, se développe dans le même temps ce que l’on appelle l’éco-tourisme, un tourisme davantage respectueux de l’environnement. L’un des exemples récents est le tour-opérateur du groupe Marietton Voyamar qui programme des circuits éco-responsables favorisant notamment l’échange avec les locaux. TUI de son côté vient de dévoiler le top 7 des « villes green » à découvrir en 2020. A San Francisco, Reykjavik, Vancouver, Ljubljana, Hoi An, Copenhague, Flagstaff, ce sont à chaque fois des initiatives qui sont mises en avant en faveur de la planète. La start-up rennaise Ma Valise entend faire voyager les gens autrement et leur proposer une alternative au tourisme de masse. Après inscription, le candidat au voyage alimente une cagnotte. Parvenu à une certaine somme, le site lui garantit « une offre de voyage éthique et accessible répondant aux nouveaux enjeux du tourisme durable ».
L’an 2020 ne sera pas synonyme de grands changements dans le comportement du voyageur. Mais elle traduira un peu plus la volonté de fuir le tourisme de masse pour privilégier un tourisme alternatif. Un slow travel où l’on prend son temps et qui permet de bien s’immerger dans les lieux visités (expériences uniques, rencontre avec les populations locales, réduction de son empreinte carbone…). Une aubaine aussi pour certaines destinations, en retrait, souffrant d’une forme de désaffection, et qui devraient-là pouvoir tirer leur épingle du jeu. Respectueuses de l’environnement et bien loin du tourisme de masse.
quotidiendutourisme.com du 12/12/19