Face à une demande très volatile, l’offre en Corse est pléthorique » Nanette Maupertuis fait le bilan de la saison estivale 2019
Il est venu le temps du bilan à l’Agence du Tourisme de la Corse. En ce lundi 14 octobre, Nanette Maupertuis, présidente de l’ATC a réuni la presse pour faire le point tant financier qu’humain, de cette saison 2019. Après une année 2018 littéralement exceptionnelle, 2019 a su se maintenir en comparaison avec 2017. Mais outre des résultats plutôt satisfaisants, la conseillère exécutive a tenu surtout à souligner qu’il faut à présent composer avec la nouvelle génération connectée, qui ne planifie plus en avance ses voyages, mais bien à la dernière minute en fonction, notamment, de la météo et des offres promotionnelles.
Le nouveau défi pour la Corse est donc de rester toujours plus attractive, car désormais, le soleil et la mer ne suffisent plus à attirer les visiteurs, il faut véritablement être force de proposition.
Entourée de Daniel Charavin, directeur de l’ATC, Benoît Chaudron, président de l’Observation de l’ATC et Marc Simoni, en charge de l’Observatoire de l’ATC, Nanette Maupertuis a tiré les premiers bilans de cette fin de saison. « Je ne sais pas si l’on peut dire ‘fin de saison’, car désormais, les vacances de la Toussaint sont incluses dans la suite de la saison estivale : on a maintenant un allongement de la saison estivale qui devient automnale ». Avant d’énoncer les premiers chiffres, elle a tenu à avoir une pensée pour Jean-Marie Cotoni, directeur général adjoint de l’ATC, décédé le 20 septembre dernier.
Nanette Maupertuis a évoqué, pour présenter ses chiffres, le contexte particulier, avec « plusieurs faillites de transporteurs en France et du grand organisateur de voyages, Thomas Cook », et a souligné à plusieurs reprises l’aspect mouvant et volatile du monde actuel. « Nous ne passerons pas à côté des évolutions ». Elle en est consciente, la Corse subit, sur le plan touristique, une très forte concurrence, notamment du côté de la Tunisie, mais s’est voulue rassurante à l’énonciation des chiffres. Du côté des flux, du mois d’avril au mois d’août, une baisse de 1,63% à été observée. « Ce sont 90 000 personnes de moins par rapport à 2018, mais c’était une année exceptionnelle ! » En effet, par rapport à 2017, on a une légère hausse et une augmentation importante depuis 5 ans. « Pour faire simple, au 15 août, on double actuellement la population sur le territoire ».
Les transports aériens ont battu un record, avec une fréquentation de +1,4%, alors que les transports maritimes, eux, ont fortement chuté, avec -4,5%, ce qui a un impact très négatif sur certains ports, comme l’île-Rousse par exemple.
En outre, ce qui compense la baisse de la fréquentation française, c’est la venue des Belges, des Suisses, des Allemands. Les Britanniques, eux, se préparent à affronter le Brexit, et sont peu nombreux à avoir séjourné en Corse cette saison. Du côté des hébergements, les bilans sont très contrastés, en fonction des secteurs et du type d’offre. Les établissements, qui intègrent des activités et sont force de proposition en matière d’occupation, ont tiré leur épingle du jeu face à l’hôtellerie plus traditionnelle qui n’offre que le gîte et le petit-déjeuner.
Le mois de mai a été « assez terrible » du fait de la conjoncture, avec une absence de ponts et à la suite du mouvement des gilets jaunes. Concurrencés par les plateformes en ligne, telles que Airbnb, Homelidays ou encore Abritel, -« L’INSEE évoque 11 000 unités locatives ; nous, nous estimons le double »-, les gîtes de France ont perdu deux semaines de location. « Dans le domaine du camping, le ressenti est catastrophique ». Et si le travail effectué pour relier la Corse à l’international, notamment avec l’ouverture de lignes aériennes, commence à porter ses fruits, les vacanciers n’en restent pas moins, à 75%, des Français.
Nanette Maupertuis est consciente de l’impact qu’a eu la crise des gilets jaunes sur le tourisme. « Il y a une perte de 850 millions d’euros » sur l’industrie du tourisme en France à la suite du mouvement des gilets jaunes, même si sur le tourisme en Corse, elle n’a pas eu d’impact trop dévastateur. En revanche, elle constate la façon très nouvelle qu’ont les voyageurs à planifier leurs vacances. Finies les réservations un an à l’avance, les nouvelles technologies ont complètement changé la donne. « Les réservations se font au dernier moment, en fonction de la météo, du prix des billets et de la côte du lieu : l’appétence de la clientèle est très différente ».
L’objectif est nouveau : proposer plus de contenus pour les vacanciers, pendant les deux mois d’été mais plus seulement. S’adapter et suivre les nouvelles tendances. Et cela commence par l’observation que les Français viennent de moins en moins au mois de juillet. Et les touristes se tournent vers les hébergements proposés sur Internet.
À Ajaccio par exemple, il y a plus de 7 600 lits proposés dans des hébergements de particuliers. « L’offre en hébergement est pléthorique ! » Et par ricochet, le tissu commercial s’est décuplé, avec +45% de restauration rapide en quatre ans.
Devant ces chiffres en hausse, Nanette Maupertuis a tiré des conclusions quant à la suite de l’accueil des touristes en Corse pour les saisons à venir : « Il faut absolument que l’on développe les contenus touristiques, la découverte des territoires. On va travailler avec les offices du tourisme, et on va également continuer la modernisation des établissements. Je ne parle pas d’établissements nouveaux, mais nous allons aider et accompagner ceux qui passent à la transition écologique, aux Ecolabels, qui proposent un accueil vélos par exemple, qui font du tourisme d’affaire et qui souhaitent s‘équiper avec du matériel multimédias… L’objectif est de rester dans le marché en faisant valoir nos atouts spécifiques. […] Je pense qu’il nous manque encore cette capacité à réagir face à une demande très volatile. »
Corse net info du 15 octobre 2019