France : comment séduire le marché nord-américain ?
La Provence se prépare pour ce marché touristique
Le 30 mars 2017, la ville d’Aix-en-Provence accueillait des ambassadeurs canadiens et américains d’Atout France, ainsi que des professionnels du tourisme pour faire un état des lieux sur les besoins et les tendances du tourisme nord-américain.
Les Etats-Unis et le Canada représentent respectivement 3 et 1,2 millions de nuitées et dépensent en moyenne 137 euros et 112 euros par jour et par personne.
Ils sont les marchés touristiques les plus importants hors Europe.
Pour mieux les cerner et rendre la destination davantage attirante, le comité régional du tourisme (CRT) PACA, en collaboration avec Atout France, a fait le point ce jeudi 30 mars 2017, sur les besoins et les tendances touristiques de ces marchés.
Les études d’Atout France ont montré que les visiteurs sont enclins à voyager pour 50% au printemps et en automne.
Par ailleurs les ouvertures de lignes avec le Canada (une ligne additionnelle Air Transat et plusieurs routes Air Canda Rouge) permettront à la région d’accueillir 12 000 touristes canadiens supplémentaires en 2017.
Le marché canadien
En 2015, plus de 4,7 millions d’arrivées de Canadiens en France ont constitué une augmentation de 6,2% que 2016 a ralenti en raison des attentats terroristes, des inondations et des grèves.
La France se positionne toutefois plutôt bien comme destination européenne, avec Paris en tête des préférences, (75% des voyages canadiens sont sur Paris), puis la région Provence Alpes Côte d’Azur et la Normandie. Il est donc important de bien communiquer sur le pays et la région pour les positionner en force sur le marché touristique européen.
Mélanie Paul-Hus suggère quelques pistes à explorer :
– diversifier l’offre : il y a de la demande pour les familles (peu de forfaits activités pour tous sont développés, en particulier en PACA ). Les jeunes en quête d’aventure et d’adrénaline, les itinéraires romantiques (déjeuner dans un jardin, événement privatif et particulier, survol des vignes en montgolfière), les circuits motos et vélos devraient être mieux référencés.
– ne pas ignorer la clientèle FIT (assez importante au Canada) et surveiller les provinces de l’ouest canadien qui s’ouvrent de plus en plus au tourisme en France.
– fédérer les initiatives, regrouper les réceptifs et fluidifier la communication entre CRT, OT et villes.
Les rédacteurs en chef et journalistes Liz Fleming (« Cruise and travel lifestyles », Toronto) et Jean-François Légaré (« En route », Montréal) insistent sur le fait que les journalistes sont d’excellents ambassadeurs pour les destinations et qu’il est important pour chaque partenaire, office de tourisme, comité régional du tourisme, d’être à l’écoute mais aussi de proposer des idées « différentes » qui allument les projecteurs sur des endroits méconnus des Canadiens (la Camargue, par exemple, ou les Alpes, en dehors du Mont Blanc et des grandes stations).
Le marché américain
Elle est en progression sur la France de +30% depuis 2010. Les Américains ont un fort pouvoir d’achat (137 euros par jour) avec un dollar plus fort que l’euro.
Elle déclare que jouissant d’une bonne économie, les Américains peuvent se permettre de voyager. Ne bénéficiant pas de beaucoup de jours de congés, quand ils voyagent loin, ils restent longtemps (une à deux semaines).
b[La mesure « Travel ban » du nouveau président américain Donal Trump a un impact négatif sur le tourisme aux Etats-Unis et les Américains privilégient un déplacement sur le Canada et l’Europe. ]b
2015 a vu s’élever le nombre de touristes américains à 3,6 millions. Malheureusement, 2016 a enregistré un recul de 2,4%. Pourtant la baisse a été moins forte qu’attendue, essentiellement concentrée autour des périodes d’attentats terroristes et le tourisme vers la France au départ des Etats-Unis reprend.
La directrice d’Atout France USA suggère de se pencher sur d’autres états émergents sur le tourisme en France : l’Oregon, la Géorgie… Elle attire également, comme l’a fait son homologue canadienne, l’attention sur ce que la presse véhicule de positif et de négatif sur la France.
Offre et services
Julie Mautner, journaliste américaine et travel planner installée en Provence, vient appuyer ces propos en conseillant d’être réactif.
« Si vous ne répondez pas à une demande par e-mail dans les 24 heures, le tour-opérateur, le voyageur se tournera vers un autre établissement, une autre région ou un autre pays. Il faut investir pour que les sites Internet soient mis à jour, sinon vous découragez et perdrez des clients.»
Elle insiste par ailleurs sur d’autres points. Les visiteurs américains s’inquiètent notamment de la conduite sur les routes françaises, sur les us et coutumes et sur la géographie dont ils ignorent tout la plupart du temps.
Les rassurer, les aider et prendre le temps de comprendre sont de gros atouts pour les faire venir en France.
Il est important également de développer les offres autour des antiquités (beaucoup veulent meubler leur maison d’antiquités), du tourisme urbain, de l’œnologie, des croisières et du golf.
Il faut aussi garder un œil sur la nouvelle génération pour qui le produit prime sur la destination.
David Siewers, spécialiste de la clientèle de croisière Celebrity Cruise développe le sujet et déclare que les clients aujourd’hui cherchent un plus. Ils ne veulent plus juste rester sur le bateau.
La nouvelle tendance est de proposer 3 nuits et 2 jours à quai pour qu’ils puissent davantage profiter du lieu ou prendre part à l’événement du moment (par exemple, ils peuvent descendre à Cannes au mois de mai pour goûter à l’atmosphère du festival du film et le soir profiter d’une rétrospective des prix et nominations commentée par un spécialiste en cinéma.
Les cours de cuisine ou les concerts liés à la tradition du lieu traversé sont aussi des options très recherchées à bord pendant une traversée.
Il existe donc beaucoup de domaines de développement pour fidéliser et accroître la clientèle nord-américaine en France et en PACA.
Bon à savoir sur le marché canadien
– Qui sont les visiteurs ? 36% ont plus de 55 ans, 27% ont entre 35 et 54 ans, 23% ont entre 20 et 34 ans, 11% 19 ans et moins et 1% seniors.
– Les Canadiens vivent dans un grand pays où il y a beaucoup d’espace. Ils n’aiment pas être oppressés par les foules. Aussi veiller à leur proposer des visites de lieux très touristiques hors périodes de forte affluence ou à des horaires décalés.
– Les anglophones et francophones sont des publics différents avec des attentes différentes.
Bon à savoir sur le marché américain
– Le touriste américain moyen a 44 ans, il reste en moyenne 5 à 8 nuits en 4* ou 5*. Il marche peu (on conduit beaucoup aux Etats-Unis !) et il est bon de prévoir des trajets courts ou des alternatives en taxi ou bus.
– Les voyageurs américains choisissent Paris en première destination, la Provence et la Côte d’Azur ensuite, puis la région Rhône Alpes, la Normandie, la région Midi Pyrénées et l’Aquitaine.
– Pour les Américains, la sécurité est un aspect important. Il est important de les rassurer en les renseignant sur les dispositifs de sécurité mis en place dans les villes, les parcs, les monuments fréquentés.
Il est d’ailleurs peut-être intéressant de parler de la collaboration actuelle entre les services de l’ordre français et la police américaine pour travailler sur les meilleurs plans sécurité à mettre en place partout en France.