Hôtellerie : les millennials, une clientèle à capter
Fondateur de l’agence Optimize 360, agence spécialisée sur le référencement, Frédéric Poulet porte un regard acéré sur l’industrie du tourisme. Il s’est notamment intéressé au comportement d’achat des jeunes générations en matière d’hôtellerie. Avec la conclusion que les établissements indépendants se doivent d’attirer les millennials pour développer leur activité. Frédéric Poulet nous livre ici le fruit de ses réflexions.
Les millennials ou génération Y (personnes nées entre 1980 et 1999) ont pris l’habitude de préempter et de s’approprier les sites communautaires tels qu’ Airbnb ou Blabblacar.
En matière d’hôtellerie, la plate-forme Airbnb devient un réflexe pour ces jeunes consommateurs ultra connectés et friands de nouvelles technologies. Au détriment de l’hôtellerie traditionnelle ? « Pas forcément, explique Frédéric Poulet. Si l’on regarde les chiffres de Coach Omnium, on s’aperçoit qu’entre 2013 et 2019, le nombre d’hôtels n’a pas diminué. Malgré les attentats de Paris en 2015, il a même augmenté de 4% ». Toutefois, constate le dirigeant, nous observons un « phénomène de premiumisation ». Autrement dit, les segments 5* (+75%) et 4* (+ 53%) sont en forte augmentation au détriment des 2* (- 7%) et 1* (- 39%) qui eux perdent des parts de marché.
Si l’hôtellerie dite économique perd des clients, c’est aussi parce qu’une nouvelle génération de consommateurs, moins fortunée, a migré sur les plates-formes communautaires. Mais tout n’est pas perdu. Au contraire, indique Frédéric Poulet, il existe des solutions pour que ces hôteliers, surtout les indépendants, puissent avoir un regain d’activité en attirant les millennials.
A l’image de certaines grandes chaines (Marriott avec ses Moxy Hotels, Hilton avec sa Curio Collection, Accor avec ses Greet Hotels…) qui possèdent des enseignes dédiées à ce segment de clientèle, les hôtels indépendants devraient s’en inspirer et intégrer des offres spécifiques visant la cible millennials. « Nomad Hotel (groupe Océania Breton) par exemple permet aux jeunes de venir en tribus, de manger à toute heure. C’est une chaine qui est particulièrement sensible aux gestes écologiques et qui utilise des matériaux recyclés » souligne Frédéric Poulet. Le fondateur d’Optimize 360 constate aussi que « beaucoup d’hôteliers parisiens se plaignent de n’avoir personne l’été. Ce serait pour eux le bon moment d’intégrer des offres spécifiques pour les génération X ou Y ».
« Au-delà de la saisonnalité, et alors qu’une chambre d’hôtel est en moyenne 40 euros plus chère dans un hôtel classique que dans un Airbnb, les hébergeurs doivent avoir des offres tarifaires adaptées en fonction des différents segments de clientèle » affirme Frédéric Poulet. Toujours selon le consultant, « les millennials devraient pouvoir bénéficier d’un service de conciergerie qui les orienteraient sur des évènements liés à leur activité et qui leur correspond. Tout cela, c’est du chiffre d’affaires additionnel ».
L’hôtellerie classique qui a réussi à attirer les parents des générations X ou Y doit aussi pouvoir répondre à leurs enfants. « Les millennials ne partent plus au Club Med avec leurs parents » constate Frédéric Poulet qui déplore que le célèbre club de vacances ne se soit « pas préoccupé des nouvelles générations » en mettant par exemple en place « des jeux Snapchat ou Instagram ». « Quand je pense que dans certains Club, on a du mal à trouver du Wifi. C’est vraiment dommage » ajoute le patron d’Optimize 360.
Alors que le voyage poursuit sa démocratisation, grâce notamment à la multiplication des vols low cost, Frédéric Poulet répète qu’il ne faut pas surtout négliger les millennials et les générations qui suivent. D’autant moins qu’il existe « des axes de croissance sur ces tranches de population ».
quotidiendutourisme.com du 25/11/19