L’aqualudisme, la référence européenne du tourisme de bien-être
veilleentourisme.ca
Analyse rédigée par Maïthé Levasseur
Devant la saturation du marché, les centres de bien-être européens se réinventent. Afin de conquérir une nouvelle clientèle, ils investissent massivement dans des équipements ludiques et récréatifs, complémentaires de ceux liés à la remise en forme. L’aqualudisme pourrait s’avérer une piste intéressante pour les établissements nord-américains
Une offre diversifiée et innovante
Faisant preuve d’ingéniosité architecturale, les centres aqualudiques invitent au dépaysement et à la découverte de nouvelles sensations. En plus des traditionnels saunas, hammams et bains à remous, ils proposent des activités variées: parcours aquatiques, cascades, marches à contre-courant, piscines à thème, lits à bulles, geysers, bains musicaux, lumières relaxantes, marbres chauds et grottes d’eau froide.
Ces établissements s’organisent autour de lieux à thème, l’objectif étant de recréer des ambiances du monde. Bains indo-romains, sauna finlandais ou espace tibétain, chaque destination révèle sa propre conception du bien-être. Dans le centre Caldea, en principauté d’Andorre, le visiteur est convié à un parcours plurisensoriel: du bain d’air chaud (Sirocco) au bain de glace islandais, en passant par la lumière de Wood chargée en ions négatifs, le bain aux pamplemousses et le flotarium. Au sein d’un caisson contenant une eau saturée en sel, ce dernier permet une relaxation profonde en procurant une sensation d’apesanteur.
Ces offres présentent trois atouts principaux. D’abord, elles entraînent un plus grand flux de visiteurs sans nécessiter d’augmentation notable du personnel, car ces installations ne requièrent que peu d’encadrement. Par un effet d’économie d’échelle, les prix d’entrée baissent alors. Ensuite, elles constituent des vitrines servant à attirer les clients vers des soins individuels. Enfin, elles démocratisent le bien-être: adultes comme enfants peuvent y accéder. Véritable produit libre-service, où chacun peut choisir ses activités et mettre en place son programme, l’aqualudisme provoque une évolution dans les modes de consommation du bien-être.
Rompre avec l’image médicale du thermalisme, le rendre plus attractif et compétitif par rapport au développement constant des spas, voilà l’origine du thermoludisme. Apparu en Europe du Nord, il immerge le client dans une atmosphère conviviale et familiale autour d’un espace récréatif. C’est en Allemagne que cette pratique est la plus développée et réputée, la culture du bain y étant présente depuis plusieurs siècles.
Au-delà du thermoludisme, d’autres approches marketing connaissent un certain succès. Le «thalaludisme» se pratique dans les instituts de thalassothérapie, comme aux Thermes Marins de Saint-Malo, en France, qui proposent un parcours Aquatonic avec dix espaces relaxants et récréatifs. Le balnéoludisme utilise quant à lui l’eau douce. Les villages de vacances s’emparent aussi du phénomène, à l’image de Center Parcs et de ses Aqua Mundo répartis dans les différents sites.
En plus des activités principales, des événements dynamisent l’offre. À Caldea, le cycle de l’eau fait l’objet d’une mise en scène avec animations visuelles et sonores, accompagnées par le jeu d’une troupe musicale.
En Allemagne, le centre Badeparadies Schwarzwald organise la Nuit du sauna, avec plusieurs festivités aux couleurs d’un pays. Lors de la Galaxy Pool Party, il se transforme aussi en piste de danse au son de D.J. célèbres, à l’instar du SchwabenQuellen, qui propose également des spectacles artistiques.
Vers une nouvelle segmentation de la clientèle
Produit d’appel ou complément d’offre, l’aqualudisme s’adapte à la demande et réunit les générations au sein d’un même espace.
En Allemagne, Tropical Islands, le plus grand parc aquatique tropical d’Europe, propose des activités pour enfants telles que des glissades d’eau, un minigolf et même une balade en montgolfière. De leur côté, les adultes peuvent se détendre au sein du complexe spa. Dans un paysage de forêt tropicale, avec plage, palmiers et chants d’oiseaux, chacun peut y trouver son compte.
Dans un même esprit et toujours en Allemagne, les centres jumelés Therme Erding et Badeparadies Schwarzwald disposent de plusieurs zones adaptées à un large public: d’un côté, l’aire de jeu, avec ses glissades multiniveaux et piscine à vagues; de l’autre, la zone réservée aux plus de 16 ans, avec l’espace thermal et le spa. Plus récent, le Splash e Spa Tamaro, en Suisse, propose en complément de son espace bien-être des descentes en tunnel avec effets spéciaux. La détente et le loisir sont donc conciliables pour tous.
En dehors du continent européen, cette tendance est encore peu connue. À Blainville, un projet d’envergure prévu pour 2015 s’intègre dans cette démarche. Aménagé en quatre espaces thématiques, le parc aquatique Aquapolis réunira des éléments aqualudiques tels que des rivières, des cascades, des rapides, des geysers et des arbres à eau. Aux États-Unis, c’est la détente qui s’allie au jeu. À Wisconsin Dells, capitale mondiale des parcs aquatiques, les glissades se combinent aux bains relaxants du Mt. Olympus, tandis qu’au Kalahari, les nombreuses chutes d’eau jouxtent l’espace spa.
Les enfants aussi surfent sur la vague bien-être. La chaîne Great Wolf Lodge, qui possède plusieurs parcs aquatiques intérieurs aux États-Unis et au Canada, a créé le Scooops Kid Spa, un spa entièrement consacré aux enfants, avec manucure et pédicure à la crème glacée, à l’instar du Paradise Mist Spa, au KeyLime Cove de Chicago.
Du centre thermoludique, plus ou moins intimiste, jusqu’au grand complexe touristique, l’alliance du bien-être et du ludisme ne cesse de se développer sous toutes ses formes pour attirer une clientèle plus large, mais aussi plus variée. Dès lors, le défi majeur de l’aqualudisme est de trouver un positionnement clair et un équilibre durable entre la détente et le divertissement.