Messieurs les voyagistes, ce n’est pas une révolte… c’est une révolution !
Beaucoup de voyagistes font aujourd’hui le dos rond en attendant que l’orage passe. Ils attendent la reprise comme Vladimir et Estragon attendaient Godot. Mais cette politique de l’autruche est-elle la bonne ? Le tour operating qui était déjà battu fortement en brèche dans ses fondements, risque de ne pas résister à la crise post pandémique qui pourrait rebattre complètement ses cartes.
Le client est roi, le client a toujours raison…
voilà deux affirmations terriblement basiques mais intangibles dans leur fondement.
Traduisez : c’est aux Producteurs d’adapter leurs produits aux évolutions économiques et sociologiques et non pas l’inverse. Cela va sans dire mais ça va mieux en le disant…
Nous n’en sommes qu’au début d’une vague post-déconfinement qui pourrait tout balayer sur son passage. C’est particulièrement vrai en matière de voyages.
Les contraintes actuelles se font déjà sentir avec des déplacements limités aux frontières de l’Hexagone même si l’Europe et ses membres Schengen pointe le bout du nez.
Mais attention : une crise pourrait en cacher une autre. Les Français vont devoir faire face à des contraintes budgétaires qui risquent, dans les prochains mois, de réduire leur budget voyage comme peau de chagrin.
Certains ont d’ores et déjà renoncé au départ pour cette année, compte tenu des incertitudes et des mises en garde gouvernementales.
Espérer un retour au temps jadis pourrait être fatal aux tour-opérateurs qui n’enclencheront pas la surmultipliée dans les prochains mois.
Une offre en complète inadéquation
L’INSEE avertit : le produit intérieur brut (PIB) pourrait chuter “d’environ 20%” au deuxième trimestre, et de plus de 8% sur l’ensemble de l’année dans un scénario optimiste et “L’activité économique en juin pourrait être de l’ordre de 14% inférieure à la normale.
À la fin du premier trimestre 2020, l’emploi salarié du secteur privé s’est effondré de 2,3 %, soit 453 800 destructions nettes d’emploi (!) en un trimestre, selon la même source.
Tous ces éléments présagent aussi d’une tension majeure sur le marché de l’emploi dans les mois à venir. Donc, des budgets à la baisse pour une période indéterminée.
En que propose-t-on dans les catalogues des voyagistes ?
Pour la plupart, une offre en complète inadéquation avec les exigences de la crise : des séjours exotiques en club aux 4 coins de la planète, des circuits alléchants mais inaccessibles, des hôtels et des plages féeriques mais à des tarifs prohibitifs et à l’impact eco-durable douteux, sans parler des protocoles sanitaires, qui risquent de disqualifier la majeure partie de ces produits.
Combien seront capables d’un tel retournement ?
Cherchez l’erreur…
A leur décharge, la brutalité du phénomène a pris tout le monde de court.
Mais les signes avant-coureurs d’un changement de paradigme se font sentir depuis plusieurs années. La disparition brutale de Thomas Cook en septembre dernier est le dernier en date et pas des moindres…
D’autres, aussi spectaculaires, pourraient survenir prochainement.
La contraction du secteur qui sévit depuis plusieurs années déjà, va s’accélérer dans les semaines et les mois à venir. Seuls les plus agiles pourront espérer sortir indemnes de cette crise sans précédent mais pas forcément sans subséquent…
Combien seront capables d’un tel retournement qui exige un bouleversement copernicien et pérenne au niveau de la culture d’entreprise, mais aussi une refonte totale des produits et par conséquent des méthodes de marketing, commercialisation et distribution ?
La mutation en cours va laisser de nombreuses séquelles mais aussi entraîner une accélération de la concentration dans l’industrie du voyage et des loisirs.
De nouveaux entrants fourbissent déjà leur armes pour proposer aux Français des loisirs et des voyages qui privilégieront la proximité, l’éco-responsabilité, l’aventure à deux pas de chez soi.
Bref, un voyage sécure, dépaysant, durable, responsable et, last but not least, compatible avec des porte-monnaie moroses et maigrichons.
A bon entendeur…
tourmag du 8 juin