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Protections coronavirus : le casse-tête des équipementiers aéronautiques

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Protections coronavirus : le casse-tête des équipementiers aéronautiques

26/05/20

Si des solutions originales pour mieux se protéger du virus sont en train de se développer pour l’accueil du public sur terre, les mesures et procédures de sécurité imposées dans le ciel rendent plus difficiles voire impossible de les développer à bord des avions. Tour d’horizon des propositions des équipementiers.

Lors d’une table ronde organisée par le Sénat où participaient les dirigeants de l’aérien français la semaine dernière, Alain Battisti, le Président de la FNAM et qui venait de raccrocher d’avec le secrétaire d’état aux transport Jean-Baptiste Djebarri, avait vendu la mèche et annoncé que l’EASA (l’Agence européenne de la sécurité aérienne) s’apprêtait à communiquer qu’elle n’obligerait pas les compagnies aériennes à laisser un siège vide afin de respecter une distanciation physique.

La confirmation est arrivée en fin de semaine conjoint de l’agence européenne et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies pour recommander de libérer un siège entre les passagers ‘’si cela est possible‘’.

Autrement dit c’est un feu vert pour opérer des vols même avec un avion complet en appliquant bien sur les mesures barrières et le port du masque.

Les constructeurs et opérateurs ont largement communiqué sur la qualité de l’air ambiant à bord mais cela n’a pas empêché certains équipementiers de proposer des aménagements de cabine pour rassurer d’avantage les prochains candidats au voyage aérien.

Des concepts originaux

Plusieurs fois cité par les revues spécialisées du transport aérien, et de grandes chaines américaines comme ABC, l’équipementier italien AvioInteriors a beaucoup communiqué récemment sur deux concepts innovants pour limiter les risques de contact en cabine même avec un fort remplissage.

Le premier concept, ‘’Janus’’ (nom d’un dieu romain à deux visages regardant chacun dans un sens), propose une rangée de sièges isolés par des cloisons transparentes et ou le passager du milieu est assis dans le sens contraire à la marche.

Plus simple, le concept ‘’GlassSafe’’, propose un siège équipé d’une sorte de cloche de protection transparente pour isoler chacun des passagers.

Ces projets sont expliqués par de jolis dessins et de belles vidéos et il est fort probable que leur vocation première ne soient en fait qu’un moyen astucieux pour les fabricants de s’offrir à peu de frais un peu de notoriété et de visibilité dans la presse spécialisée et les médias du monde entier.

Comme toujours avec l’aérien, pour apprécier une idée, il faut prendre en compte beaucoup de paramètres et notamment les questions de sécurité.

Quid de la sécurité ?

Dans une cabine ou de nombreux passagers seront assis dans le sens contraire de la marche, il n’est pas du tout certain qu’en cas d’évacuation rapide le flux des passagers ne soit pas ralenti par des personnes d’une même rangée mais n’ayant pas la même vision selon le sens ou ils sont assis.

Les instructions de sécurité indiquant des issues de secours ‘’devant’’ seront en fait ‘’derrière’’ pour certains passagers et vice versa. Toute la signalétique en cabine serait à revoir.

Probablement qu’une nouvelle certification de l’avion devrait être envisagée pour vérifier si, avec une telle configuration, l’organisation d’une évacuation en urgence pourrait être correctement organisée.

Et les normes sont strictes : pour une cabine pleine, sortir tous les passagers en moins de 90 secondes avec la moitié des issues de secours condamnées.

Quid également de la mise à disposition en cas de dépressurisation des masques à oxygène ?

Oxygène et dépressurisation

Si l’on regarde attentivement les croquis, le masques à oxygène qui tomberait automatiquement pour la personne assise dans le sens contraire ne serait pas aussi accessible que pour une personne assise dans le sens de la marche… à moins de refaire l’ensemble des ‘’blocs PSU’’ (Passenger Unit Service), c’est ainsi qu’on appelle ces petites trappes situées au-dessus de vous et qui libèrent les masques.

De même, tous les passagers voyageant avec de jeunes enfants reçoivent la consigne en cas de dépressurisation de s’équiper de leur masque et ensuite d’aider l’enfant à mettre le sien et l’ajuster (tout en restant assis bien sûr). Pas simple avec ces cloisons qui semblent, contrairement à certaines séparations que l’on peut voir en first ou en business, inamovibles.

Reste à savoir comment ces matériaux se comporteraient en cas d’incendie et si toutes les grandes agences de certification accepteraient de les homologuer.

Sur le plan du confort, pas sûr que le sens contraire de la marche soit très vendeur.

Le concept ‘’GlassSafe’’ avec sa bulle de protection est plus simple mais pose également question quant à l’assistance à certains passagers en cas de danger.

L’idée originale d’une petite start-up française de la cloche de protection pour les clients des restaurants et qui croule actuellement sous les commandes ne s’exporte pas aussi facilement à bord de l’avion.

Le poids de tous ces équipements pesant sur la consommation de carburant et les performances de l’avion ne devraient pas non plus inciter les compagnies aériennes à investir pour aller au-delà des normes préconisées par l’EASA.

tourmag du 25 mai

 

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