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Voir grand pour le «micro»

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Voir grand pour le «micro»

05/02/20

La tendance au « micro », comme les microfestivals et les micromusées, semble avoir le vent dans les voiles, particulièrement chez les millénariaux. Le goût du « local » et une plus grande sensibilité envers ce qui est à notre échelle reviennent en force.

La Chaire de tourisme Transat, en collaboration avec Tourisme Montréal, a dévoilé, le 21 janvier, les sept tendances qui continueront de rythmer l’activité touristique dans les prochaines années. Les conférenciers Paul Arseneault et Pierre Bellerose ont partagé le fruit de leur réflexion afin d’aider les entreprises à amorcer la nouvelle décennie.

Quand les grands commencent à s’essouffler

Ces dernières années ont vu la montée en force d’entreprises gigantesques, nées du développement de l’internet et des communications mobiles. Les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) de ce monde ne sont pas les seules entreprises à avoir pris de l’ampleur; pensons au nombre incroyable de fusions et d’acquisitions de plusieurs milliards de dollars ayant créé des empires dans pratiquement tous les secteurs de l’économie. Ces géants semblent toutefois de plus en plus contestés, puisqu’ils sont souvent perçus comme de mauvaises entreprises citoyennes.

L’industrie touristique n’est pas épargnée par ce phénomène. Plusieurs grands joueurs sont touchés. Certains mégafestivals connaissent des déboires et sont parfois annulés. Le secteur est aussi touché par la faillite de généralistes d’envergure tels que Thomas Cook. Pourquoi autant de fermetures, alors qu’il n’y a jamais eu autant de touristes?

« Nous avons besoin de beaucoup moins que ce que nous estimons nécessaire. » Maya Angelou, écrivaine, actrice et militante américaine

La recherche de biens et de services toujours plus personnalisés, d’expériences plus individuelles et gratifiantes explique peut-être que l’on soit à l’ère de la méfiance et du désintérêt pour tout ce qui semble trop grand, trop gros, trop connu ou trop ordinaire.

En contrepartie, les microvacances, les minimaisons, les microboutiques, les microévénements et les micromusées — tout ce qui est rare, unique et marginal — semblent avoir le vent dans les voiles, particulièrement auprès des millénariaux.

La tendance au « micro »

Dans cette perspective, il y a un retour aux activités et aux événements plus petits, nichés, courts dans le temps et davantage en phase avec les nouvelles valeurs des voyageurs et les réalités des destinations.

Les microfestivals

Une foule de microfestivals gagnent en popularité et se présentent souvent comme l’antithèse de gros événements coûteux, surpeuplés et aux programmes quasi identiques d’une ville à l’autre. Les microfestivals se démarquent sur plusieurs points. En plus de divertir et d’animer un territoire, ces petits événements créent des liens sociaux et mettent en valeur l’essence même d’une communauté. Localisés dans de plus petites villes ou dans des quartiers excentrés de plus grosses agglomérations, ils incitent les visiteurs à sortir des centres-villes et à désengorger les places habituellement surchargées par la tenue de grands événements. La Noce à Chicoutimi et le Festival international de Jazz à Verdun en sont quelques exemples.

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Source : Pexels

Les micromusées

Que ce soit pour rapprocher l’art des citoyens, pour démocratiser l’accès aux œuvres de grands musées nationaux par le numérique (les Micro-folies) ou pour inciter la population à exposer et à partager un objet en relation avec un thème choisi, durant quelques heures (pop-up museum), les micromusées ont la particularité d’être modulables, temporaires et ludiques, et de provoquer les rencontres et les échanges.

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Source : Micro-folies Sevran

Les microaventures – microséjours – microvacances

Les microvacances se définissent comme un voyage d’agrément de moins de cinq nuits. Elles se planifient moins de six jours à l’avance (50 % des réservations) et à partir d’un appareil mobile (pour plus de deux personnes sur cinq), selon Expedia.

Les gens, surtout les millénariaux, ont moins de temps libre ou moins de vacances. Toujours d’après Expedia, 54 % des Canadiens se sont privés de congés en 2018.

Pour ceux qui sont dans l’impossibilité de prendre de longues vacances, les microaventures ou les microséjours permettent :

  • D’insérer des temps de loisirs dans l’agenda chargé du travail, lorsque cela est possible;
  • D’optimiser les journées de congé;
  • De rompre plus facilement avec le quotidien;
  • De voyager plus souvent et de visiter plus de destinations.

Ces vacances peuvent aussi bien être un séjour à la plage, une pause bien-être ou une activité de randonnée comme celles proposées par la compagnie Chilowé, qui se spécialise en microaventures, en France.

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Source : Chilowé

Microattention = microciblage = créneau

La tendance micro se heurte aussi à la très petite capacité d’attention des humains, dont la durée moyenne est de 8 secondes. Comment joindre les clientèles dans ces conditions?

  • En révisant nos modèles de segmentation pour passer d’un découpage géographique à une segmentation basée sur les champs d’intérêt et les passions, ce qui risque d’attirer la clientèle cible et de mieux retenir son attention.
  • En utilisant des médias et des micro-influenceurs qui se spécialisent dans une niche précise d’activités et dont l’approche est plus personnalisée, pour toucher une communauté plus engagée.

Vers une démondialisation?

C’est le retour du local et d’une plus grande sensibilité envers ce qui est proche de nous et à notre échelle, malgré les technologies, la rapidité des choses et la facilité de communication. Notre quartier, notre village plutôt que les pays qui autrefois faisaient rêver? À suivre avec attention en 2020!

veilletourisme.ca du4/02/20

Etude réalisée par Julie Payeur

 
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